Césarienne chez la chienne : mise bas à hauts risques

Césarienne chez la chienne : mise bas à hauts risques
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Lorsque la naissance des chiots s’avère difficile ou risquée, une césarienne s’impose. Mais qu’elle soit réalisée en urgence ou programmée, cette intervention reste délicate…

Les objectifs de la césarienne sont d’augmenter les chan­ces de survie des chiots et d’éviter des souffrances inu­tiles à la chienne, afin que son comportement maternel ne soit pas trop perturbé par la suite. Cependant, même pratiquée dans de bonnes conditions, une césa­rienne ­n’est jamais bénigne. Elle engage la vie de la mère et de ses petits, et n’est pas sans conséquence sur l’avenir reproducteur de la chienne.

En urgence

Quand la mise bas se déroule norma­lement, les naissances sont espacées de deux heures au maximum. À partir du moment où la chienne commence à ­ avoir de fortes contractions, l’expulsion du chiot intervient en général dans les trente minutes. Si ce n’est pas le cas, ou que les contractions sont de faible intensité depuis plus de quatre heures, la césarienne est indispensable.

Il faut alors conduire la chienne au plus ­vite à la clinique vétérinaire car plus le délai d’intervention augmente, plus les conséquences pour l’animal et sa portée risquent d’être lourdes.

Il faut aussi penser à emporter une caisse de transport pour les chiots, qui devra contenir des linges propres et des bouillottes. Si des petits sont déjà nés, ils doi­vent bien sûr accompagner leur mère.

Programmée

Il est souhaitable qu’une chienne en fin de gestation soit montrée au vétérinaire quelques jours avant la date du terme. Cette visite permet de savoir combien de chiots sont attendus et de repérer les risques éventuels lors de la mise bas.

Terme dépassé

Lorsque la date d’ovulation de la chienne est connue, il est possible de calculer la date du terme, soit 58 jours après l’ovu­lation. La césarienne sera réali­sée si la mise bas n’a pas eu lieu au 61e ou 62e jour.

Si la date d’ovulation n’est pas connue, il est nécessaire d’attendre que le taux de progestérone dans le sang chute. Il ne faut pas intervenir trop tôt car une naissance prématurée est incom­patible avec la survie des chiots ; ils man­quent de surfactant pulmonaire, un élément essentiel pour qu’ils puissent respirer à la naissance.

Fertilité ultérieure des chiennes

Après une césarienne, l’appareil reproducteur de la chienne a besoin de repos, mais quand l’utérus ne présente pas de lésion, la fertilité n’est en principe pas affectée. La chienne peut toujours reproduire et une césarienne ne sera pas forcément nécessaire à la mise bas suivante – même si la probabilité de devoir en subir une seconde est très augmentée. Tout dépend de la cause et des conséquences de la première intervention.

Risques particuliers

Une césarienne est souvent recomman­­dée par le vétérinaire quand la chienne est âgée de plus de 6 ans et n’a jamais mis bas, ou si les mises bas précédentes ont été difficiles.

Le suivi vétérinaire de la gestation per­met d’anticiper le recours à la césarienne, notamment lors d’anomalies anatomi­ques ou de mauvaise présentation des chiots. L’intervention se fera de façon plus sûre et le taux de survie des chiots sera plus élevé si elle est anticipée.

Les races à risque

Dans de nombreuses races brachy­cé­phales, les éleveurs font naître les chiots presque systématiquement par césarienne. C’est notamment le cas chez les bouledogues (anglais et français) et le Boston terrier. Dans ces races, la tête des chiots est trop volumineuse par rapport au diamètre de la filière ­pel­­vienne. De plus, la musculature abdominale de ces chiennes est souvent trop insuffisante pour se contracter efficacement.

Le recours à la césarienne est également fréquent dans les races naines.

Césariennes fréquentes dans les races naines

Dans les races naines (chihuahua, pinscher, yorkshire, etc.), la taille de certains chiots à naître peut être disproportionnée par rapport à la taille de la mère. C’est surtout le cas lorsque la portée comporte très peu de chiots, a fortiori si la chienne n’en attend qu’un, qui risque alors d’être trop gros pour passer par les voies naturelles. Des radiographies pratiquées avant la naissance permettent d’évaluer le risque et de planifier une césarienne si nécessaire.

Une opération aussi courte que possible

Pendant la phase de préparation de la césarienne (tranquillisation, tonte au niveau du site d’incision), la présence du propriétaire rassurera la chienne. Une fois l’animal anesthésié, le vété­rinaire incise la paroi abdominale et l’utérus pour extraire les chiots. Lors d’une césarienne en urgence, il arrive que le vétérinaire constate un début de nécrose des tissus de l’utérus, ce qui l’oblige à pratiquer une hystérectomie (ablation de l’utérus).

L’acte doit durer le moins de temps possible pour limiter le temps d’expo­sition de la portée aux agents anes­thésiques qui traversent la barrière placentaire et diffusent dans le tissu mammaire. Au-delà de deux heures, le risque de mortalité des chiots est au moins multiplié par six.

Au fur et à mesure de l’extraction des chiots, le vétérinaire vérifiera qu’ils respi­rent bien. Leurs voies respiratoires seront dégagées des membranes fœtales puis aspirées. Il est en revanche dangereux de secouer les nouveau-nés en raison du risque d’hémorragie cérébrale. Ils seront séchés dans une serviette puis placés dans un endroit chauffé, type couveuse. Tant que la mère ne peut les réchauffer elle-même, la température au niveau des chiots doit être maintenue à 28-30 °C.

Un réveil sous surveillance

Les chiots seront mis en présence de leur mère lorsque celle-ci sera bien réveillée, et ne seront ramenés à la maison que quand la chienne tiendra debout, que sa température sera normale et qu’elle pourra s’occuper de ses petits. Ils seront maintenus au chaud pendant le transport.

Le comportement maternel

Même si la douleur de la chienne est prise en charge médicalement, le stress lié à la césarienne est défavorable à l’installation d’un bon comportement maternel. Une surveillance s’impose donc pour limiter le risque de rejet des chiots. À savoir : le risque de cannibalisme est présent.

En outre, il est souhaitable que la chienne s’alimente deux à quatre heures après l’opération. Une hypoglycémie aurait des conséquences néfastes sur sa lactation.

Tétée précoce des chiots

Les chiots doivent impérativement absorber du colostrum au cours de leurs huit premières heures de vie pour acqué­rir une bonne immunité. Le retour de la chienne chez elle n’aura donc lieu qu’une fois que les chiots auront tété dans de bonnes conditions. Lorsque la césarienne a été réalisée en urgence, la capacité ­d’absorption intestinale des chiots peut être réduite, mais la répétition des tétées permettra de compenser les fai­bles volumes absorbés à chaque fois.

Si la chienne tarde à se réveiller, il est possible de la traire pour administrer le colostrum aux petits. La montée de lait peut être freinée par l’intervention, mais ­un traitement médical peut aider à déclencher la sécrétion.

Si les chiots n’ont pas survécu, la chienne recevra alors un médicament pour la tarir et, ainsi, éviter une inflammation des mamelles.

Les jours qui suivent

La lactation implique de ne poser aucun pansement sur la plaie opératoire et de ne pas mettre de collerette à la chienne – en s’assurant qu’elle n’arrache pas ses points. L’appétit, la température, l’aspect des mamelles et le comportement de la chienne avec ses chiots sont également à contrôler de près.

Au cours de la semaine qui suit l’inter­vention, des écoulements vulvaires ­anormaux (foncés et nauséabonds) peuvent être le signe d’une infection utérine. Le vétérinaire sera alors immé­diatement prévenu.

La pesée quotidienne des chiots permettra de déterminer si la production de lait est normale. Sa qualité sera évaluée via la prise de poids des petits. Un nouveau-né doit prendre environ 5 à 10 % de son poids chaque jour, et multiplier son poids de ­naissance par 1,5 en sept jours. En cas de production laitière insuffisante, les chiots recevront un lait maternisé.

Mise bas naturelle ou césarienne ?

La systématisation des césariennes dans des races comme le bouledogue anglais pose des questions éthiques. Dans certains pays (Suisse, Royaume-Uni, pays nordiques, etc.), le nombre de césariennes autorisées chez les chiennes de race est d’ailleurs limité. En Suède, par exemple, une fois qu’une chienne bouledogue anglais a subi deux césariennes, ses portées ultérieures ne sont plus déclarées officiellement et les chiots ne disposent donc pas d’un pedigree officiel.