Les chats et les chiens décryptés

Les chats et les chiens décryptés
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Chez l’homme, les tests génomiques, visant à décrypter l’ADN, sont très populaires. Un succès qui s’est étendu aux animaux de compagnie, notamment pour savoir « d’où vient le chien ou le chat ».

De plus en plus de propriétaires font analyser le patrimoine génétique de leur chien ou leur chat pour obtenir des informations sur ses origines et sa santé. Un secteur extrêmement lucratif au niveau mondial, avec un marché évalué à presque 1 milliard de dollars (environ 930 millions d’euros) !

Un développement rapide

Le premier test d’analyse du génome du chien a été lancé par Mars Petcare en 2009 (Wisdom Panel) ; un similaire pour le chat a vu le jour en 2016 (Basepaws).

Aujourd’hui, de nombreuses sociétés proposent le séquençage de l’ADN canin et félin. Les principaux acteurs de ce secteur sont basés aux États-Unis : les plus importants sont Basepaws, Embark et Wisdom Panel, mais d’autres firmes se développent sur le même créneau, parmi lesquelles DNA My Dog, Optimal Selection, EasyDNA, Canine HealthCheck ou encore Orivet Genetic Pet Care. En France, c’est le laboratoire Antagene qui propose ce type d’analyse.

Les tests génomiques peuvent être achetés directement auprès des fabricants ou par l’intermédiaire de sites marchands. Une fois le kit d’analyse reçu, il suffit de frotter un écouvillon contre les gencives et les dents de l’animal. Le prélèvement est ensuite envoyé au laboratoire, selon les conditions définies par celui-ci, et le résultat est disponible au bout de quelques semaines.

Découvrir les origines de l’animal

Les tests commercialisés permettent d’obtenir des informations sur l’ascendance des chiens et des chats, ce qui intéresse généralement beaucoup les propriétaires. Même lorsque l’on n’est ni éleveur ni spécialiste, connaître les races présentes dans le patrimoine génétique de son animal est instructif.

Les personnes qui ont adopté un chien ou un chat issu de croisements plus ou moins hasardeux sont particulièrement curieuses de connaître ses origines, mais d’autres souhaitent juste en savoir plus sur une race qu’ils connaissent mal.

Les propriétaires qui réalisent un test génomique sur leur animal cher­chent également à pouvoir relier son compor­tement ou sa personnalité à son patrimoine génétique. Des études ont cependant démontré que le comportement d’un animal est largement modulé par son éducation, son environnement, son statut sexuel, etc.

Protéger la santé de l’animal

Les sociétés présentes sur le marché des tests génomiques insistent beaucoup sur l’utilité de connaître les risques patho­logiques des chiens et des chats pour mieux veiller sur leur santé. Sur leur site, les différents laboratoires mettent donc en avant les tests permettant de savoir si un chien ou un chat est prédisposé à telle ou telle maladie, s’il est sensible à certains médicaments, etc.

Une enquête de 2021 a montré que ce motif arrive en deuxième position des préoc­­cupations, après la connaissance des origines, mais les propriétaires expriment fréquemment le besoin d’être rassu­rés à propos des risques encourus par leur animal de compagnie, et surtout s’il appartient à une race au sein de laquelle des maladies géné­tiques graves sont fréquentes.

Un coût très variable

Le prix d’une analyse génomique varie beaucoup en fonction des laboratoires et surtout selon le nombre d’analyses demandées. Il est en moyenne de 100 à 200 €, mais le tarif peut parfois dépasser 500 € lorsque l’on souhaite inclure l’ensemble des marqueurs de santé dans le décryptage du génome.

Partager les résultats avec le vétérinaire

Une fois les résultats reçus, il est pertinent de les partager avec son vétérinaire. Ceux-ci peuvent encourager à être plus attentif à la santé de son animal, à modifier la façon dont on prend soin de lui et à intensifier le suivi vétérinaire. Certaines sociétés accompagnent même les résultats de conseils individualisés.

Si l’animal a une prédisposition à une pathologie, cela ne signifie pas qu’il va nécessairement la développer : la mise en place de mesures nutritionnelles accompagnées d’un suivi vétérinaire à long terme permet souvent d’éviter l’apparition de la maladie. Par exemple, si un chien ou un chat semble plus sujet aux affections bucco-dentaires, une hygiène buccale renforcée sera alors essentielle. Le vétérinaire pourra aussi proposer un programme de médecine préventive adapté à chaque cas.

Analyses génomiques vs tests génétiques

L’analyse génomique étudie l’ensemble du génome, soit de nombreux gènes, permettant de tester beaucoup de mutations responsables d’affections, entre autres. Ce type d’analyse évalue si l’animal est à risque de présenter une ou plusieurs maladies d’origine génétique identifiées dans les différentes races canines ou félines.

Relativiser les résultats des tests génétiques

Écarter de façon systématique les chiens et les chats de la reproduction parce qu’ils sont positifs à un test génétique pour une maladie donnée peut limiter drastiquement le nombre de reproducteurs au sein de la race. Pour éviter de trop réduire la variabilité génétique de la race, il est nécessaire de statuer au cas par cas, en fonction du contexte de la population et de la gravité de la pathologie. Un accompagnement vétérinaire est indispensable.

Tests chez les animaux reproducteurs

Contrairement à l’analyse génomique, le test génétique est beaucoup plus ciblé : il vérifie si l’animal est porteur d’une mutation génétique particulière associée au développement d’une maladie précise. Les tests commercia­lisés en France, extrêmement fiables, sont utilisés par de très nombreux éle­veurs pour sélectionner leurs reproducteurs. Ce type de test est conseillé avant de faire reproduire un chien ou un chat.

Chez le chien et le chat, la plupart des maladies d’origine génétique sont dues à des mutations récessives : la maladie ne peut se développer que si l’animal a hérité de deux versions du gène muté (l’une par son père, l’autre par sa mère). On dit alors qu’il est « homozygote » pour la mutation du gène en question, et il la transmettra obligatoirement à tous ses descendants. Lorsqu’un chien ou un chat ne possède qu’un seul gène muté – il est alors dit « hétérozygote » –, il a une chance sur deux de le transmettre à ses descendants.

Une maladie peut avoir plusieurs causes

Le test génétique détecte une mutation et non une maladie. Si l’on prend l’exemple de la cataracte, due à une opacification du cristallin de l’œil, elle peut être la conséquence d’une pathologie héréditaire spécifique à une race donnée, mais elle peut également apparaître du fait du vieillissement de l’œil. Un test génétique négatif ne signifie donc pas que le chien n’aura jamais de cataracte, tout dépend s’il est homozygote (porteur de deux copies du gène muté, donc avec un risque de développer la maladie) ou hétérozygote (porteur sain, sans symptôme, mais qui transmettra la mutation à 50 % de sa descendance environ).

La génétique ne dit pas tout !

Bien que les analyses génomiques et les tests génétiques donnent des informations souvent intéressantes, ils ne disent pas tout. Quand il s’agit de veiller sur la santé d’un chien ou d’un chat (ou d’éviter qu’il ne transmette une maladie héréditaire à sa descendance), il est très important de faire parallèlement réaliser des tests cliniques par le vétérinaire (radiographie des hanches et des coudes, échographie du cœur, bilan san­guin, examens oculaire et auditif, etc.).

Pour les chiens de races de travail, il existe aussi des tests fonctionnels visant à vérifier s’ils sont aptes à exercer la fonction pour laquelle ils ont été choisis (course, chasse, sauvetage, etc.). Par ailleurs, les résultats des épreuves de travail adaptées à chaque race fournissent des éléments précieux pour améliorer la santé des chiens de race.

Les tests pratiqués par la Société centrale canine (SCC)

En France, la Société centrale canine propose des tests génomiques pour les chiens de race. Ils peuvent être commandés en utilisant un formulaire téléchargeable sur le site et en demandant à un vétérinaire d’effectuer le prélèvement. C’est le propriétaire qui reçoit ensuite les résultats. Ce « pack génomique » a été établi à partir des principales maladies identifiées au sein des différentes races canines, et validé par la commission scientifique de la SCC.

En savoir plus : www.centrale-canine.fr/actualites/loffre-genomique-de-la-centrale-canine

Une banque de prélèvements génétiques pour les chiens

Avec près de 400 races sélectionnées par l’homme, le chien est l’espèce de mammifère qui possède la plus grande diversité morphologique, mais également la plus grande sensibilité aux maladies génétiques.
En France, une biobanque de prélèvements de sang et de tissus (Cani-DNA) a été constituée pour étudier les pathologies génétiques canines. Des recherches qui ont également un intérêt en pathologie comparée, notamment pour la médecine humaine.

En savoir plus : https://dog-genetics.genouest.org