Alimentation humide et santé urinaire

Alimentation humide et santé urinaire
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À cause de son urine très concentrée, le chat est sujet aux calculs urinaires, à l’origine de lésions dans la vessie ou les voies urinaires. L’alimentation est un élément clé pour limiter les risques.

Comme le chat est un animal qui boit peu, il est prédisposé aux maladies de l’appareil urinaire. Ces affections sont à l’origine d’environ 5 % des consultations de médecine vétérinaire féline et, lorsqu’il s’agit d’un chat « bouché » (obstruction de l’urètre), le taux de récidive est supérieur à 50 %. Il est donc nécessaire de prévenir ces problèmes.

Aliments humides et consommation d’eau

Les aliments dits « humides » sont proposés sous des formes diverses et variées : pâtée en boîte, sachet de bouchées en sauce ou en gelée, mousse en barquette, etc. Malgré des textures et des goûts très différents, ces aliments, en général très appréciés, partagent une caractéristique commune : l’eau, qui représente 70 à 75 % du poids total de ce type de nourriture, contre 10 à 12 % en moyenne pour les croquettes. Ainsi, pour 100 g d’aliment humide, le chat absorbe au moins 70 ml d’eau. Pour un animal de 4 kg, cela couvre déjà plus du tiers de son besoin en eau – chaque jour, un chat nécessite au mini­mum 50 ml d’eau par kilo, soit 200 ml pour 4 kg. Si le chat ne consomme que de la nourriture humide et qu’il boit peu, son apport hydrique est largement suffisant.

Même si un chat qui ne mange que des croquettes boit plus que celui qui reçoit des ali­ments humides, le bilan hydrique des deux régimes n’est pas équivalent. Un chat ne régule pas sa consommation d’eau de la même manière selon ce qu’il mange : avec des aliments humides, le chat absorbe plus d’eau car le rapport eau/matière sèche est en moyenne de 3,3 (il y a 3,3 fois plus d’eau que de matière sèche) tandis qu’il est de 2,2 avec des aliments secs. La quantité d’eau consommée par le chat avec un aliment humide augmente donc de 50 %.

De l’humidité pour la satiété

À apport calorique égal, un chat nourri avec un aliment humide consomme un volume plus important que s’il mange des croquettes. Cette différence peut aussi être mise à profit pour faciliter l’installation de la satiété chez les matous qui doivent être mis au régime. Avec l’estomac « plein », le chat a moins tendance à réclamer à manger !

Diminution du risque de calculs

Dès lors qu’un chat absorbe beaucoup d’eau en mangeant, la densité moyenne de son urine baisse significativement car moins saturée en minéraux. Plus il absorbe d’eau, moins les cristaux minéraux ont de chances de s’agglomérer et de former des calculs. L’animal élimine aussi plus souvent, ce qui réduit le temps de séjour de l’urine dans la vessie et le risque d’irritation de la muqueuse vésicale. Le risque d’urolithiase (maladie liée à la présence de calculs) est alors fortement diminué grâce à la dilution urinaire.

La distribution d’aliments humides est recommandée pour tous les chats qui ont déjà présenté des épisodes de calculs (quel que soit le type) et qui ont récidivé malgré le passage à un aliment sec en principe bien adapté.

En prévention

Les calculs ne sont pas les seuls responsables des troubles urinaires. Le chat fait aussi très souvent des cystites liées au stress (ou cystite idiopathique féline), qui provoquent les mêmes symptômes qu’une urolithiase (difficultés à uriner, traces de sang dans les urines, douleurs à la miction, etc.) car certaines substances contenues dans l’urine peuvent irriter la muqueuse de la vessie.

Parmi tous les traitements possibles, il a été montré qu’augmenter l’apport d’eau est ce qu’il y a de plus efficace pour diminuer le taux de récidive de ces affections. Une étude a ainsi démontré l’intérêt de cette stratégie pour limiter les risques de cystites idiopathiques : 11 % des chats nourris avec des aliments humides ont pré­senté un nouvel épisode au cours de l’année, contre 39 % chez ceux ayant un régime à base d’aliments secs.

En pratique

Si verser de l’eau sur les croquettes pour en augmenter l’humidité peut sembler judicieux, il y a peu de chances que le chat accepte de les manger ! De plus, cela ne produit pas le même effet que l’eau liée aux nutriments, comme c’est le cas dans les aliments formulés avec des ingrédients riches en eau.

La plupart des aliments humides sont riches en protéines car ils contiennent en général plus de viandes et moins de produits végétaux que les croquettes. Une richesse également bénéfique à la dilution urinaire : l’urée produite au cours de la digestion des protéines exerce un effet diurétique.

Associer croquettes et aliments humides ?

L’époque où l’on opposait les aliments secs aux aliments humides est révolue. Plus de 6 propriétaires sur 10 associent les deux. Loin d’être un problème, la « binutrition » peut permettre aux chats de bénéficier des avantages respectifs des deux types de nourriture (les aliments secs encouragent par exemple le chat à croquer, ce qui est bénéfique pour son hygiène bucco-dentaire).