Coup de pression sur la tension artérielle

Coup de pression sur la tension artérielle
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Cet indicateur ultraprécieux de la santé vasculaire doit être surveillé avec attention, de façon régulière et, surtout, pris en compte : une question vitale !

Lorsque vous consultez votre médecin, ce n’est pas un hasard si l’un de ses premiers gestes est de mesurer votre pression artérielle. Ce peut être une façon d’amorcer le dialogue, mais surtout de s’assurer de la normalité de votre tension.

Facteur de risque majeur

Il s’agit en effet du premier facteur de risque de mortalité : chaque année, en France, plus de 80 000 personnes décèdent d’une complication de l’hypertension artérielle (HTA) – AVC, infarctus du myocarde, etc. Or, comme en attestent les chiffres de l’Assurance maladie, on traite de moins en moins les personnes hypertendues : aujourd’hui, 28 % des hypertendus prennent au moins un antihypertenseur – ils étaient 32 % en 2007 – alors que la population cible, vieillissante, est à l’évidence en augmentation.

Autres chiffres inquiétants : 1 adulte sur 3 est hypertendu ; 1 sur 2 ignore qu’il l’est ; 1 sur 2 seulement est traité ; 1 sur 4 est effectivement contrôlé ; 60 % des patients traités ne prennent qu’une molécule alors qu’il en faut le plus souvent deux pour rentrer dans les clous de la pression artérielle. Enfin, à peine 2 sur 5 prennent leurs traitements chaque jour.

Traitement perfectible

La prise en soin d’une personne hypertendue, ou qui pourrait l’être, peut donc être nettement améliorée. Première étape, la mesure de la pression artérielle : on parle d’HTA quand les chiffres sont supérieurs à 140/90 mmHg, sachant que chez la personne âgée, c’est surtout l’élévation de la systolique (chiffre le plus haut) qui est problématique. Une tension élevée une fois n’est pas signifi­cative car elle dépend des circonstances de la mesure (stress lié à l’attente ou effet « blouse blanche »). C’est pourquoi l’auto­mesure à domicile est beaucoup plus informative car elle est réalisée tranquil­lement deux ou trois fois matin et soir, trois jours de suite. Au médecin ensuite d’inter­préter et de moyenner les résultats pour obtenir une pression la plus proche de la réalité, reflet du risque vasculaire.

Hypotension orthostatique

Autre précaution à prendre avant de statuer et de traiter une éventuelle HTA, s’assurer de l’absence d’hypotension orthostatique (HO) : 30 % des plus de 65 ans en ont effec­tivement une, qui peut se traduire par un trouble visuel, une perte de connaissance, un vertige, etc.

Une HO, même asymptomatique, est grave car elle est un facteur prédictif de chute (+ 73 %), d’infarctus du myocarde (+ 30 %), d’AVC (+ 64 %), de démence par hypoperfusion du cerveau (+ 37 %) et de mortalité (+ 36 %).

C’est pourquoi la pression artérielle doit systématiquement être prise debout, après une première mesure en position couchée (plutôt qu’assise), et plus encore chez les patients hyper­tendus, les diabétiques, insuf­fisants rénaux, dénutris, avec une maladie de Parkinson, etc., mais aussi lorsque les signes cliniques sont présents et évocateurs. L’HO est définie par une diminution de la systolique d’au moins 20 mmHg et/ou de la diastolique d’au moins 10 mmHg dans les trois minutes après le passage en position debout.

Un 2, voire un 3-en-1

Sachant que deux voire trois antihypertenseurs différents seront nécessaires pour contrôler la pression artérielle (60 % des hypertendus atteignent des chiffres normaux avec une association de deux médicaments), il est désormais conseillé de donner d’emblée une combinaison (dans un même comprimé, ce qui facilite l’observance et minimise les oublis), et non pas d’y aller par paliers en augmentant les doses d’une seule molécule. Par ailleurs, ce 2, voire ce 3-en-1, tient compte de l’âge, des autres éventuels facteurs de risque vasculaire (diabète, par exemple) et de l’histoire médicale, cardiovasculaire en particulier (antécédent d’infarctus du myocarde ou d’insuffisance cardiaque, par exemple) : certains de ces médicaments antihypertenseurs font coup double en abaissant la pression, d’une part, et en limitant le risque de poussée d’insuffisance cardiaque, d’autre part, et parfois même coup triple en améliorant un diabète et en protégeant la fonction rénale.

Mode de vie respectueux

En plus des traitements pris chaque jour sans oubli, des modifications du mode de vie sont efficaces pour abaisser la pression artérielle, mais aussi améliorer un diabète, protéger le cœur, etc. En cas de surcharge pondérale, une perte de poids est ainsi bienvenue. Pour ce faire, on privilégie les fruits et les légumes, les céréales complètes, les légumineuses, les viandes maigres, les graisses peu saturées, végétales (huile de colza).

Pour ne pas élever sa tension plus spéci­fiquement, on modère sa consommation de sel, donc les préparations ultratrans­formées et industrielles, les fromages, charcuteries, poissons fumés, sauce soja et cubes de légumes. Piano aussi sur l’alcool (moins de trois verres par jour pour un homme, deux pour une femme) et zéro tabac (mesure qui ne baisse pas la pression artérielle mais réduit consi­dé­rablement le risque vasculaire). Et, bien sûr, oui à l’activité physique adaptée, 30 minutes par jour trois fois par semaine, en endurance notamment.

Même très âgé

L’HTA, même à 80 ans, est un facteur de risque de décès à prendre en compte, d’autant plus qu’elle est plus haute. Lorsque l’HTA est traitée, la mortalité totale est réduite d’au moins 20 %. Il suffit de réduire la pression artérielle de 5 mmHg pour diminuer le risque de décès par HTA et le bénéfice absolu, qui évite la survenue d’AVC dans les six mois, est davantage perceptible chez les plus de 85 ans. L’objectif tensionnel est donc de 140 à 150 mmHg pour la systolique, 140 selon la Haute Autorité de santé pour les personnes robustes de plus de 80 ans, et 150 (sans hypotension orthostatique) pour les plus fragiles, dépendantes. Un résultat qui doit être atteint avec trois molécules au plus.

Pour minimiser une hypotension orthostatique

Se lever doucement, boire 2 litres d’eau par jour, relever la tête du lit d’environ 20 cm (pour éviter les hypertensions nocturnes), porter des bas ou des chaussettes de contention de classe 2 ou 3 (nouvelles générations) la journée. En cas d’accident hypotensif, réaliser des manœuvres de secours : s’agripper les deux mains, serrer fortement une petite balle, piétiner et/ou boire un grand verre d’eau.