Tout sur les Hépatites

Tout sur les Hépatites
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[su_chap_article texte="Il y a hépatite et hépatite. Certaines, parfois très graves, sont causées par des virus. D’autres sont dues à l’alcoolisme ou encore surviennent au décours d’une autre maladie.[/su_chap_article] Selon un rapport de 2012 du Health Consumer Powerhouse*, la France a la meilleure politique de santé d’Europe vis-à-vis des patients atteints d’hépatite C, l’hépatite virale la plus grave. Les spécialistes français, qui ont assisté à la 6e Paris Hepatitis Conference avec un millier d’autres venus du monde entier, se sont réjouis de cette bonne nouvelle… tout en la relativisant. Le Pr Patrick Marcellin, hépatologue à l’hôpital Beaujon (Clichy) et président de ce congrès, souligne qu’« il reste encore beaucoup de malades non dépistés et à peu près autant de malades diagnostiqués mais non guéris, et les décès dus aux complications de l’hépatite C, cirrhose ou cancer du foie, sont encore nombreux, plus nombreux que ceux causés par les accidents de la circulation ! Pourtant, depuis quelques années, le traitement connaît des progrès révolutionnaires. On peut actuellement guérir la maladie chez plus de 2 patients sur 3… » À condition de savoir que l’on est infecté et de se traiter correctement. En 2004, environ 248 000 Français avaient une hépatite C ; depuis, 145 000 ont été diagnostiqués et 51 000 guéris. Aujourd’hui 90 000 malades ne sont pas dépistés et 3 500 en meurent encore chaque année. Même si c’est mieux que dans les autres pays européens, c’est insuffisant et « la France a encore de la marge pour améliorer les choses ». N’oublions pas non plus l’hépatite A et surtout l’hépatite B. * Euro Hepatitis Care Index 2012 Report.

Dépister les hépatites virales

Le foie a un rôle stratégique, c’est une véritable usine aux multiples fonctions vitales ! Il stocke les sucres et les graisses et les libère quand le corps en a besoin. Toutes ces fonctions sont plus ou moins mises à mal en cas d’hépatite, c’est-à-dire d’inflammation aiguë ou chronique.

Hépatite A, assez bénigne

C’est la moins grave, mais elle est très répandue dans les pays où les conditions d’hygiène sont mauvaises. Attention, comme les Français ont rarement rencontré le virus dans leur enfance, le risque d’être infecté lors d’un voyage dans ces pays est élevé. Les symptômes, fièvre, fatigue, nausées, jaunisse… sont souvent absents et la maladie ne devient jamais chronique. • Transmission Le virus, présent dans le sang et les selles des personnes infectées, se transmet par l’ingestion d’eau et d’aliments souillés, crus ou peu cuits. Moins souvent par les rapports sexuels et l’injection de drogues.

Hépatite B, la plus répandue

À savoir

GREFFE DE FOIE
Quand le foie n’arrive plus à assurer ses fonctions (décompensation de la cirrhose ou hépato- carcinome), la transplantation hépatique est la solution. À condition d’être inscrit sur la liste d’attente gérée par l’Établissement français
des greffes.
C’est l’hépatite virale la plus fréquente dans le monde, essentiellement en Afrique, en Asie du Sud-Est, mais aussi au Moyen-Orient, en Amérique du Sud, dans les ex-pays de l’Est. Le virus, très contagieux, circule cependant en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest. Dans un tiers des cas seulement, la personne infectée présente les symptômes caractéristiques d’une inflammation aiguë du foie, ictère, urines foncées, selles décolorées. L’hépatite B guérit le plus souvent spontanément, mais dans 10 % des cas devient chronique sans que la personne le sache forcément. Sur les 300 000 Français porteurs chroniques du VHB, la moitié l’ignorent. Leur foie peut ainsi se détériorer. • Transmission Elle se fait surtout par voie sexuelle et par voie sanguine. La transmission de la mère porteuse du VHB à l’enfant est dangereuse, mais le dépistage vers le 6e mois de grossesse permet de traiter le bébé.

Hépatite C, souvent grave

Le VHC sévit dans le monde entier, y compris en France. La guérison est spontanée dans seulement 15 à 30 % des cas. Cette infection est d’ailleurs la cause la plus fréquente d’hépatite virale chronique, pouvant conduire à une dégradation progressive du foie et à la cirrhose. L’infection passe inaperçue la plupart du temps. En revanche, pendant la phase aiguë de l’hépatite C, qui survient 2 à 3 mois après la contamination, la personne peut ressentir une grande fatigue générale, des troubles digestifs, de la fièvre, mais la jaunisse est peu fréquente. La personne peut aussi être irritable, triste, souffrir de douleurs osseuses et articulaires, de démangeaisons cutanées. • Transmission Elle se fait par voie sanguine, principalement par injection de drogue, et par voie sexuelle. Le risque de transmission de la mère à l’enfant est de 5 % et s’élève à 20 % quand la mère est co-infectée par le VIH.

Hépatites D et E

Les hépatites D et E sont plus rares et guérissent le plus souvent spontanément, mais elles sont parfois très graves, voire mortelles.
- Hépatite D. Elle sévit surtout dans le Bassin méditerranéen, en Europe de l’Est, en Afrique et en Amérique latine. Le VHD n’infecte que les personnes déjà infectées par le VHB (1 à 2 % en France). Soit l’infection par les deux virus est simultanée, soit le VHD surinfecte une hépatite B chronique. Les toxicomanes et les homosexuels sont les plus touchés. Elle passe inaperçue dans la plupart des cas, mais une fois sur dix la personne infectée est fatiguée, nauséeuse, grippée, présente une jaunisse. L’évolution vers la chronicité est rare, sauf en cas de surinfection où le risque d’hépatite fulminante est également augmenté, dans 5 % des cas.

- Hépatite E. Elle n’est pas réservée au tiers-monde. Le virus est excrété dans les selles des personnes infectées et se transmet comme celui de l’hépatite A par les aliments et les mains. Pas de symptômes dans 50 % des cas, sinon syndrome grippal, troubles digestifs, parfois éruption cutanée, puis ictère. L’infection est aiguë et en général guérit spontanément sans laisser de séquelles, mais elle peut se compliquer, plus souvent que les autres, en hépatite fulminante qui se termine par un décès dans 15 à 25 % des cas.

Prévenir les hépatites, encore mieux que traiter

Pour éviter le risque de cirrhose et de cancer du foie, trois solutions : des précautions (aliments cuits, préservatifs…), le vaccin quand il existe et des traitements adaptés quand l’hépatite est chronique.

Deux vaccins existent

Même si le virus de l’hépatite A est responsable d’une infection aiguë, jamais chronique, qui guérit le plus souvent en 4 à 6 semaines sans laisser de séquelles, la guérison peut être plus longue, jusqu’à 6 mois, et surtout, l’hépatite est fulminante dans 1 cas sur 10 000. La prévention la plus efficace est la vaccination. Le vaccin contre l’hépatite B n’est pas non plus obligatoire, sauf pour les personnes à risque particulier (professionnels de santé ou travaillant en collectivité). Il est cependant recommandé avant les premières relations sexuelles ou, plus en amont, chez les nourrissons qui le supportent mieux et aux voyageurs ou résidents en pays de forte endémie.

Traitements spécifiques

La solution pour savoir si l’on est porteur chronique du VHB ou du VHC : un examen sanguin dans un laboratoire d’analyses ou une consultation de dépistage anonyme et gratuit (CDAG).

À savoir

HÉPATITE C ET ALCOOL Boire beaucoup d’alcool quand on est traité pour une hépatite C augmente le risque d’évolution vers la cirrhose.
Hépatite B Toutes les personnes atteintes d’hépatite B n’ont pas besoin de traitement. Les examens suivant l’évolution de la maladie orientent ou non vers la prescription d’un traitement selon que l’hépatite B est active, c’est-à-dire agressive, ou pas. Le traitement ralentit sa progression en maintenant le virus à un niveau bas pour éviter les lésions du foie. Il comporte deux types de médicaments : l’interféron-alpha-pégylé (à libération prolongée) par voie injectable et des antiviraux spécifiques oraux qui permettent de contrôler inflammation et fibrose et même de guérir la cirrhose. • Hépatite C Le traitement de l’Hépatite C de référence associe l’administration d’interféron-alpha-pégylé et de ribavirine. Sa durée, de 6 à 12 mois, dépend de plusieurs facteurs dont la nature du génotype viral. Aujourd’hui, on associe à cette bithérapie de nouveaux médicaments, les anti­­protéases, qui augmentent fortement le taux de guérison, y compris après échec du traitement antérieur. À moyen terme, on pourra probablement guérir tous les malades grâce à de nouveaux médicaments en cours de développement.

Espérer en l’avenir

Trois exemples de recherches prometteuses dans le traitement et la prévention de l’hépatite C. • Les résultats obtenus chez des patients infectés, avec des nouveaux inhibiteurs de protéase du VHC, laissent espérer que l’on pourra bientôt, en les associant, se passer de l’interféron. • Un essai anglais réalisé chez des volontaires sains a montré la faisabilité d’un vaccin thérapeutique qui aiderait les personnes infectées à se débarrasser du virus. Commercialisation éventuelle : pas avant 10 ans. • Une équipe Inserm de Tours a créé un vaccin bivalent contre le VHB et le VHC en utilisant l’enveloppe du vaccin contre l’hépatite B comme support. Il induit des anticorps contre les deux virus… chez la souris pour l’instant.

Autres causes

- L’alcool. En France, les hépatites dues à une consommation excessive d’alcool sont les plus fréquentes. Ce sont soit des hépatites aiguës, après une intoxication alcoolique massive, gravissimes mais rares dans l’Hexagone. Soit des hépatites chroniques, plus ou moins émaillées d’épisodes aigus, qui peuvent aboutir à une cirrhose.

- Une maladie virale. Une hépatite peut survenir au cours d’une maladie due à d’autres virus que les VHA, VHB ou VHC. Comme la mononucléose infectieuse causée par le virus d’Epstein-Barr, l’infection à cytomégalovirus (CMV) ou, plus rarement, l’herpès.

- Parasite ou bactérie. On souffre parfois d’une hépatite aiguë à la suite de maladies parasitaires ou bactériennes, notamment le paludisme, la typhoïde, la leptospirose et la brucellose. Dans ce cas, le traitement de l’hépatite repose sur le traitement de l’infection en cause.
  Pour s'informer auprès de l'association HÉPATITES INFO SERVICE : Appels confidentiels, anonymes et gratuits. 0 800 845 800 (tous les jours de 8h à 23h) ou www.hepatites-info-service.org