À quoi sert l’EMDR ?

Tout commence un peu par hasard en 1987, aux États-Unis. En promenade près d’un lac, Francine Shapiro ne peut s’empêcher de broyer du noir. Cette psychologue de profession sait à quel point les pensées négatives sont tenaces et ce qu’elles peuvent provoquer. Mais elle remarque aussi que ses idées angoissantes cessent de la tourmenter dès qu’elle se concentre sur quelque chose de plaisant. Autre constat : les va-et-vient rapides et involontaires de ses yeux apai­sent ses pensées. Pour l’experte en mécanique psychique, il n’en faut pas plus pour faire le lien entre mouvements ocu­laires, connexions neuronales et rédemption émotionnelle. Cette découverte donnera naissance à une nouvelle psychothé­rapie : l’EMDR pour Eye Movement Desensi­tization and Repro­­cessing, ou, désensi­bi­li­sation et retraitement par les mouvements oculaires, en français. L’EMDR a été validée par la Haute Autorité de santé (2007), l’Organisation mondiale de la santé (2013) et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (2015).

Des yeux aux neurones

Neuro-imagerie à l’appui, nous savons que les mouvements oculaires exécutés au cours d’une séance d’EMDR créent des connexions neuronales en activant plu­sieurs réseaux de neurones dans la zone du cerveau où se situent les émo­tions et la mémoire. Ces nouveaux circuits permettent d’intégrer différemment le traumatisme et d’atténuer sa portée. Par ailleurs, il est dit que l’EMDR reproduit ce que fait le cerveau pendant le sommeil paradoxal pour l’aider à traiter les infor­­ma­tions de manière moins anxiogène.

Candidats à l’EMDR

Cette thérapie s’adresse aux adultes comme aux enfants qui souffrent de trou­bles émotionnels (cauchemars, dépression, troubles du comportement alimentaire, phobie, crises de panique, etc.) à la suite d’un événement traumatisant (divorce, viol, accident, catastrophe naturelle, attentat, etc.). Quel que soit l’âge du patient, il est possible de traiter les séquelles d’un choc, même plusieurs années après.

Un autre regard sur le trauma

Lors d’une séance d’EMDR, le praticien invite le patient à repenser au moment du traumatisme tout en laissant monter les émotions suscitées par ce souvenir. Puis il lui demande de fixer et de suivre du regard son doigt qu’il déplace de gauche à droite. À l’issue de la stimulation, qui dure une dizaine de secondes, le patient doit dire au thérapeute ce qui lui vient spontanément. Plusieurs séries de stimulations sont effectuées au cours d’une séance. L’intensité de l’émotion provoquée par le souvenir traumatique va peu à peu diminuer, jusqu’à disparaître.