« Dry January » : 48 addictologues demandent l’aide de l’État

« Dry January » : 48 addictologues demandent l’aide de l’État
Partager, imprimer cet article :
Par
Publié le
Depuis son instauration en 2020, le défi du « Dry January », mois sans alcool, cartonne et ce, sans le partenariat du gouvernement. À quelques jours de la cinquième édition, un collectif d’addictologues monte au créneau : il appelle le ministère de la Santé à s’engager dans le combat.

Si le « Mois sans tabac » est dans les petits papiers du gouvernement depuis son instauration, le « Dry January » ne peut pas en dire autant. Pas de campagne nationale de prévention subventionnée par l’État. Zéro soutien financier pour aider les associations et les médecins à lutter contre une consommation qui provoque 41 000 décès par an. Aucune prise de position affirmée du ministère de la Santé à l’égard de ce problème de santé publique.

Pour expliquer la frilosité des autorités à s’engager dans le combat contre les dérives de l’alcool, les défenseurs de la consommation modérée – voire de l’abstinence – accusent les lobbys du vin d’avoir fait pression sur le gouvernement pour qu’il se désolidarise du défi de janvier. De leur côté, les ministères concernés se défendent en avançant qu’Agnès Buzin, ministre de la Santé au moment du lancement de la première campagne « Dry January » en France, n’a jamais validé le projet. Toujours est-il qu’à quelques jours du top départ de l’édition 2024, un groupe réunissant plusieurs associations et 48 addictologues de toutes les universités de France a adressé un courrier à Aurélien Rousseau, l’actuel ministre de la Santé, dans lequel ils réclament expressément d’afficher son soutien sans équivoque au « Défi de janvier » et de le promouvoir officiellement.  

Au nom de la prévention

En 2021, selon des données de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), environ un quart des adultes dépassaient les repères préconisés, à savoir deux verres par jour maximum et pas tous les jours. « En France, la prévention est quasi nulle. Quelque chose ne va pas », déplore le Pr Olivier Cottencin, président du Collège universitaire national des enseignants d’addictologie (Cunea), à l’origine de ce courrier publié par Le Parisien. En rappelant qu’il n’a jamais été question de proscrire l’alcool mais d’amener collectivement les amateurs à s’interroger sur la place qu’il occupe dans leur vie en relevant le défi de ne pas en consommer pendant les trente premiers jours de l’année, les professionnels de santé promeuvent dans leur plaidoyer une « opération de mobilisation sociale sur une base volontaire qui n’est ni normative ni moralisatrice ». Ils soulignent que les bénéfices de ce type d’action ont été attestés dans plusieurs pays, à commencer par le Royaume-Uni, à l’origine du « Dry January ».