Vivre sans faire l'amour, comment font-ils ?

Vivre sans faire l'amour, comment font-ils ?
Par
Publié le
Couples platoniques, célibataires abstinents : peuvent-ils être vraiment heureux ? Le sexe est-il vraiment un devoir conjugal ? On fait le tour de la question.
 
Désir émoussé, célibat prolongé : la sexualité, considérée comme un pilier du couple dans notre société moderne, est absente de la vie de certains, qui déclarent ne pas s’en porter plus mal. Quels sont les secrets de ces « abstinents » volontaires ? L’absence de sexe perturbe-t-elle leur quotidien, leur physiologie ?
 

Que dit la science sur la pratique du sexe ?

Bien que la sexualité ne soit pas un besoin primaire au même titre que respirer, manger ou dormir, elle reste tout de même un besoin physiologique, un élan naturel de notre être vers un autre à des fins de reproduction de l’espèce. Des nombreuses études soulignent les bienfaits de l’acte sexuel sur la santé, notamment grâce à la libération d’hormones au moment de l’orgasme (si orgasme il y a). Les endorphines diminuent l’anxiété et favorisent un sommeil réparateur, quand l’ocytocine, hormone de l’attachement, dont la production est déclenchée par la stimulation des mamelons lors l’acte sexuel (et de l’allaitement, d’ailleurs), joue un rôle protecteur contre le cancer du sein tout en renforçant l’attachement entre les deux partenaires. Les éjaculations fréquentes réduisent le risque de développer un cancer de la prostate. En bref, maintenir une activité sexuelle, en solo ou en duo, améliore notre longévité, protège l’organisme et renforce l’attachement à notre partenaire. La force de l’esprit peut-elle compenser ces différents bienfaits ?
À lire aussi :
 

Relation platonique : quelle place pour le désir dans le couple ?

Le terme de « devoir conjugal » est révélateur de la place très normée de la sexualité dans le couple, encore plus de nos jours. Si autrefois la sexualité conjugale s’apparentait à la soumission de l’un des partenaires (Madame) au désir de l’autre (Monsieur), aujourd’hui, un couple épanoui ne se conçoit pas, du moins sur la scène médiatique et sociale, sans relations sexuelles épanouies et régulières. Beaucoup de couples avouent se séparer parce qu’ils ne se touchent plus depuis plusieurs années et ne supportent pas cette absence de désir dans leur vie, mais certains résistent et s’accommodent d’une relation platonique où la complicité, la tendresse et le respect offrent une réponse rassurante au temps qui passe, à la peur de la solitude. Le bonheur de partager des projets et une vie de famille est jugé supérieur à celui de partager de folles parties de jambes en l’air. Ils n’ont pas peur de vivre leur couple de manière différente, où la sexualité n’est plus qu’un agréable souvenir de leurs débuts.  

La pulsion sexuelle gagne-t-elle toujours ?

Les témoignages de gens qui n’ont plus d’activité sexuelle en couple mais qui collectionnent les passades enflammées ou mènent une double vie sont légion. De nombreuses voix soulignent aussi combien l’absence de sexe conduit à la longue à une perte de confiance dans son capital séduction, et fragilise l’estime de soi. Résultat : soit les « abstinents » s’enferment de manière rigide dans leur non-sexualité en s’abritant derrière une flopée de bonnes raisons (pas de partenaire à la hauteur, pas le temps, compensation par le sport ou une autre passion), soit ils recherchent de nouvelles sensations à l’extérieur de leur couple, sans pour autant avoir envie de faire exploser ce socle rassurant. Ces comportements appuient la notion de « pulsion vitale » du désir, sans lequel l’être humain se recroqueville, et semblent affirmer en négatif que sans sexe, point de salut. Du moins pas longtemps.