Probiotiques et prébiotiques nous veulent du bien

Probiotiques et prébiotiques nous veulent du bien
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Partenaires essentiels du microbiote, ils ont une puissante influence sur notre santé. Et ils n’ont pas fini de nous révéler l’étendue de leurs pouvoirs…

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William BERREBI, Gastro-entérologue, hépatologue, expert du microbiote intestinal, ambassadeur du French Gut et auteur de Médecine microbiotique et Mission ventre plat (Marabout)

 

Voyage au cœur du microbiote

Certaines bactéries et fibres, que l’on trouve dans l’alimentation et des compléments alimentaires, ont d’extraordinaires capacités de protection de l’organisme.

Depuis quelques décennies, une révolution santé s’opère avec la découverte des rôles assumés par le microbiote intestinal. S’il a été décelé dès la fin du XVIIe siècle, ce n’est qu’à l’orée des années 2000 qu’on a pu, notamment au séquençage ADN, mieux l’analyser et appréhender la place unique qu’il occupe dans le corps. « C’est tout simplement le patron du corps humain », résume le gastro-entérologue William Berrebi, qui explique aussi « qu’on préfère l’appeler aujourd’hui “microbiome” afin d’englober cet ensemble mais aussi ses fonctions et son environnement ».

Le microbiote, famille de 39 000 milliards de bactéries intelligentes, permet de filtrer les substances toxiques susceptibles d’endommager les organes. Il agit également comme un rempart essentiel contre les virus et autres agents pathogènes. « 80 % des cellules de l’immunité sont dans l’intestin », indique l’expert. Mais il ne peut assumer correctement ses missions que s’il est sain. « Il doit être en symbiose, c’est-à-dire en cohérence et cohésion avec le corps humain et en eubiose, autrement dit en équilibre », ajoute-t-il. Si pour l’heure on ne sait pas exactement ce qui caractérise un microbiote « normal », donc protecteur, Le French Gut, projet de recherche lancé en 2022 à partir des échantillons de selles de 100 000 Français, va permettre à terme de le déterminer. 

Des probiotiques pour l’harmonie

Pour des raisons liées à l’hygiène de vie, à la prise de médicaments ou à des problèmes de santé connexes, le microbiote peut être fragilisé. Cela s’exprime par diverses affections comme le syndrome de l’intestin irritable, marqué par des douleurs abdominales, des troubles du transit (constipation, diarrhée ou alternance des deux) et des ballonnements. Il est avéré par ailleurs que de très nombreuses pathologies ont un rapport avec une dysbiose intestinale : maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, obésité, anxiété, dépression, maladie d’Alzheimer, infections gynécologiques récidivantes, etc. Pour compenser ces altérations, il faut donc offrir à l’organisme des probiotiques, des micro-organismes vivants qui rétabliront son intégrité ainsi que la balance entre bonnes et mauvaises bactéries. On peut les trouver dans des aliments fermentés tels que le kimchi, le kéfir, le kombucha, le miso et certains fromages (gouda, gruyère, cheddar, roquefort, bleu) mais aussi en gélules. « Chacune [de ces gélules] doit contenir au minimum un milliard de bactéries », précise toutefois le Dr William Berrebi.

Des prébiotiques pour un effet booster

L’action des probiotiques peut être décuplée par une alimentation riche en prébiotiques, à puiser dans les légumes (asperges, poireaux, etc.), les légumineuses (lentilles, pois chiches, etc.), les céréales (avoine, orge, etc.), les graines comme le chia et le lin, les oléagineux (noix, amandes, pistaches, etc.) et le thé vert. Les prébiotiques « nourrissent les bonnes bactéries, leur permettent de prospérer et de remplir leurs fonctions. Ils sont indispensables à une bonne santé et synergiques à l’action des probiotiques », précise le médecin. L’inuline est le plus connu de ces prébiotiques.

Conseils de pharmacien : Parer les dysbioses

Certaines situations rendent la supplémentation en probiotiques utile, voire incontournable. Elle est ainsi préconisée dans le cas de prise d’antibiotiques ou d’anti-inflammatoires car ils déciment la flore intestinale. Les probiotiques ont aussi la faculté de minorer la charge bactérienne pathogène dans les infections à Helicobacter pylori ou Clostridium difficile. Ils montrent enfin leur efficacité dans la prévention des récidives des poussées dans la maladie de Crohn. Les cures de prébiotiques sont quant à elles bienvenues chez les personnes qui mangent peu de fibres.

Ce qu’elle en pense

Amandine, 42 ans

« Mon fils de 5 ans avait des douleurs de ventre et des diarrhées à répétition, et on n’arrivait pas vraiment à s’en sortir, ni à trouver quelque chose qui règle le problème. Sur les conseils de la pédiatre, il a fait une cure de probiotiques spéciale enfants sur plusieurs semaines, et ça a vraiment apaisé son système digestif. Je crois que ça a dû aider aussi au niveau de ses défenses immunitaires parce qu’ensuite, il a été beaucoup moins malade. Ça l’a vraiment soulagé. On recommencera certainement l’hiver prochain, en prévention, pour lui éviter d’attraper tous les virus qui traînent. »

Souches probiotiques : les meilleures alliées de notre santé

Si c’est leur diversité qui est garante d’une bonne santé, la recherche illustre les effets spécifiques de certaines de leurs espèces.

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Patrice D. Cani, Chercheur, vice-président et codirecteur de l’unité Métabolisme et Nutrition du Louvain Drug Research Institute de l’université catholique de Louvain (Belgique), docteur en sciences biomédicales spécialisé en physiologie, métabolisme et nutrition

Il existe une large variété de probiotiques. Mais les « membres » de cet immense peuple bactérien ne se valent pas tous, comme le démontrent de nombreux travaux menés dans le monde.

Une solution aux troubles gastriques

En cas de diarrhée, nul besoin de choisir un probiotique spécifique. « La plupart des bactéries probiotiques ont un effet bénéfique sur ce trouble digestif », confirme le Pr Patrice D. Cani. D’autres maladies exigent en revanche des apports probiotiques plus ciblés. Le syndrome de l’intestin irritable ne répondra ainsi favorablement qu’à une des sous-espèces des bifidobactéries, le Bifidobacterium longum 35624. Prise en même temps que des antibiotiques qui appauvrissent la flore intestinale, la levure Saccharomyces boulardii CNCM I-745 diminue quant à elle la probabilité de développer une infection à Clostridium difficile.

Salutaires pour le cœur, la peau et la sphère intime

Sur le taux de cholestérol et l’augmentation du risque cardiovasculaire, ce sont plusieurs souches de Lactobacillus plantarum qui ont fait leurs preuves. « Elles modifient positivement certains acides biliaires qui agissent sur le métabolisme du cholestérol », détaille l’expert. Quant aux infections vaginales et urinaires, elles sont généralement améliorées par certaines souches de Lactobacillus crispatus. « Comme dans l’intestin, tout est en lien avec l’immunité des muqueuses », poursuit-il.

Des probiotiques d’un genre inédit

D’autres bactéries nouvellement identifiées, les probiotiques de nouvelles génération (NGP), incluses dans notre microbiote, sont sur le point d’élargir encore leur champ d’action. On passe ainsi au crible en laboratoire les possibilités de Faecalibacterium prausnitzii pour court-circuiter l’inflammation, source de très nombreuses pathologies. Mais l’amélioration de la santé via les probiotiques passera surtout à l’avenir par l’administration de « cocktails » bactériens ultrapersonnalisés ; la réceptivité à ceux-ci variant grandement selon les individus. « Grâce aux outils génomiques, nous pourrons déterminer l’intérêt de chaque souche. On combinera les bactéries entre elles afin d’arriver à une vraie personnalisation », conclut le professeur.

Faut-il y croire ? Probiotiques et cosmétique : duo gagnant ?

Vrai. La peau du visage est elle aussi colonisée par des bonnes bactéries. Mais des pratiques inadaptées, comme l’utilisation de soins trop astringents, fragilisent l’épiderme. Pour contrer ce phénomène, certains produits renferment des probiotiques, lesquels peuvent contribuer à le rééquilibrer. Ces micro-organismes renforcent la barrière cutanée et apaisent les peaux sensibles. Leur présence dans les soins améliore la résistance aux agressions extérieures et favorise une peau plus saine.