Ils s’appellent bisphénols, dioxines polychlorées, phtalates et analgésiques. Ils se cachent dans les verres de lunettes, les produits ménagers ou de bricolage, les poissons et les viandes, les prises électriques, les fruits et les légumes, les interrupteurs de lumière, les bouteilles d’eau, le métal des boites de conserves et des canettes de soda, les rideaux de douche, les cosmétiques, les antalgiques… Sans le savoir, nous absorbons chaque jour et depuis des décennies, par ingestion ou par contact, un taux de ces pesticides, conservateurs, phtalates et parabènes chimiques 20 à 100 fois supérieur au seuil de risques acceptables par notre organisme. Pour Andreas Kortenkamp de l’Université Brunel à Londres et Hanne Frederiksen de l’Université de Copenhague, voilà ce qui explique principalement la dégradation exponentielle de la spermatogénèse (production des spermatozoïdes) constatée par la communauté scientifique mondiale depuis une trentaine d’année. Récemment publiée dans la revue référente Environment International, leur étude démontre en effet que les perturbateurs endocriniens cités ci-dessus ans sont plus préjudiciables à la fertilité masculine que le tabac, l’alcool, le surpoids et le stress, jusqu’ici incriminés dans la dégradation de la quantité et de la qualité des « petites graines » des candidats à la paternité.
Les mesures de l’État
Selon l’Inserm, la baisse de 50 % à 60% de la concentration spermatique chez 20% des hommes des pays industrialisés impacte aujourd’hui en France un couple sur huit. Devant ces chiffres alarmants, l’infertilité masculine est devenue un enjeu de santé publique majeur. Pour preuve, la loi AGEC (Anti-gaspillage et économie circulaire) adoptée en février 2020 qui prévoit l’obligation d’informer désormais le public sur la présence de substances présentant des propriétés de perturbation endocrinienne (liste définie par l’Anses) en vue de guider les choix des consommateurs.