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Mal de tête ou migraine, douleurs articulaires, dentaires, musculaires… le pharmacien est le premier professionnel de santé à qui l’on réclame « quelque chose pour ne plus avoir mal » et, dans 96 % des cas, à prendre tout de suite. C’est ce que montre une récente enquête réalisée pour les laboratoires Boehringer-Ingelheim. Une fois sur deux, on demande des conseils au pharmacien par la même occasion. Pourtant, en France, les antalgiques sont toujours pris en excès ou à tort et à travers, déplore-t-on dans 63 % des officines. Cela dit, il n’est pas toujours facile d’évaluer l’intensité de sa douleur et de la décrire. Les manifestations de la douleur sont très diverses : vive ou lancinante, en coup de poignard, sensation de brûlure, de resserrement ou d’écrasement, fourmillements, décharge électrique… Certains minimisent leur douleur de peur de paraître douillets. L’âge modifie aussi l’attitude face à la douleur. Les signes de souffrance sont différents et trompeurs aux âges extrêmes de la vie. Un tout-petit qui a mal est trop calme et ne bouge pas. Une personne âgée en fin de vie ou souffrant d’une maladie d’Alzheimer, apparemment indifférente, qui refuse de manger ou dont le front reste plissé, a souvent très mal. Quelle que soit la raison, c’est un constat : en France, en 2012, les douleurs sont encore insuffisamment soulagées.
Types de douleurs : pas une, mais des douleurs
Aujourd’hui, le circuit de la douleur qui va des terminaisons nerveuses jusqu’au cerveau, est bien connu. Mais il y a toutes sortes de types de douleurs, aux mécanismes très différents, qu’il est impossible de traiter de la même façon. On les classe en trois catégories.
Douleurs aiguës
En général provoquées par des lésions (brûlure, piqûre, chute), une carie, une infection, une inflammation, les règles, elles déclenchent des signes physiques typiques : cris, pleurs, agitation, accélération du pouls, augmentation de la fréquence respiratoire, transpiration, nausées… mais aussi parfois, de manière paradoxale, comportement d’évitement. Mieux vaut les soulager rapidement pour qu’elles ne laissent pas de traces majeures sur le psychisme ou le comportement (chez les petits surtout) ou même qu’elles ne deviennent chroniques.
Un cran au-dessus
• Douleurs chroniques
Elles persistent au-delà de 3 mois, sont plus fréquentes qu’on ne croit (1 adulte sur 5) et leurs répercussions sont lourdes sur le plan personnel, familial, professionnel, et coûteuses pour le système de santé. Elles peuvent être provoquées par un grand nombre de maladies, de la polyarthrite rhumatoïde au cancer, en passant par le diabète et la hernie discale. Malheureusement, en dépit de trois Plans douleur entre 1998 et 2010 et la création de consultations antidouleur, les douleurs chroniques, en particulier cancéreuses, sont encore mal soulagées. Selon une enquête BVA-Institut national du cancer (INCa), 63 % des cancéreux sont encore sous-traités.
• Douleurs neurogènes ou neuropathiques
Elles sont causées, comme leur nom l’indique, par une lésion des nerfs périphériques, par exemple après un accident, une coupure, mais aussi une maladie infectieuse comme un zona ou un diabète. Ou une lésion du système nerveux central : sclérose en plaques, tumeur, traumatisme au cerveau, etc. Leurs manifestations sont particulières : sensations de brûlure, fourmillements, picotements, décharges électriques…
Fibromyalgie, mieux traitée
Longtemps niée par les médecins, la fibromyalgie occupe une place à part.
• Symptômes nombreux
C’est un ensemble de symptômes (fatigue, sommeil perturbé, troubles dépressifs), dont le principal est une douleur chronique diffuse et fluctuante.
• Causes incertaines
Plusieurs hypothèses, notamment un dysfonctionnement central du système de perception de la douleur et une anomalie de la réponse au stress excessif, peuvent expliquer son origine, mais plusieurs facteurs sont vraisemblablement en cause. Aujourd’hui, les médecins, rhumatologues le plus souvent, savent mieux la diagnostiquer et la traiter.
Infos utiles
– À lire : La fibromyalgie, Dr Charley Cohen, éd. J. Lyon, 2011, 17 €.– Association de malades. Fibromyalgie France, Tél. : 01 43 31 47 02, site Internet : www.fibromyalgie-france.org

* www.thermes-bagneres.com ou Tél. 05 62 95 00 23 et www.thermes-bareges.com ou Tél. 05 62 92 68 02.
Soulager la douleur par des traitements médicamenteux
Si la douleur peut être bénéfique quand elle nous avertit que quelque chose ne va pas ou qu’il y a un danger, elle perd son utilité une fois la cause identifiée. Souffrir en silence ne sert à rien, mais surdoser non plus.
Médicaments antalgiques
Infos centres antidouleur
INFO CENTRES ANTIDOULEURIl en existe une centaine en France. Leur vocation : traiter la douleur chronique persistantes et rebelles.
• Niveau I, douleurs légères ou modérées
Ce sont céphalées, douleurs dentaires, musculaires, etc. : paracétamol, aspirine et ibuprofène (anti-inflammatoire non stéroïdien ou AINS).
• Niveau 2, douleurs un peu plus fortes
Comme mal de dos ou maladies rhumatismales : opioïde léger, codéine, dihydrocodéine, tramadol ou néfopam, souvent associé à un antalgique de niveau 1 dans le même comprimé pour réduire son dosage et diminuer ses effets indésirables. Sur prescription.
• Niveau 3, douleurs intenses ou très vives
Douleurs postopératoires ou dues au cancer, à une maladie grave : opioïdes forts dont le chef de file est la morphine. Par voie injectable ou orale, ou plus pratique en patchs, comprimés sublinguaux (à laisser fondre sous la langue), applicateurs buccaux (à placer dans la joue) ou spray nasal.
Autres médicaments pour soulager la douleur
• Douleurs chroniques
Les douleurs neuropathiques surtout sont difficiles à traiter.
Les antalgiques classiques, morphiniques compris, sont inadaptés ou sans effet. Les médecins recourent alors à d’autres classes de médicaments a priori surprenantes, mais qui marchent :
– certains anticonvulsivants à petites doses,
– antidépresseurs tricycliques,
– benzodiazépines,
– patchs à la capsaïcine (dérivé du piment).
• Douleurs courantes
Pour elles d’autres médicaments sont utiles pour renforcer l’action des antidouleur ou améliorer le confort en agissant sur les symptômes :
– myorelaxants pour réduire les contractions ou les douleurs musculaires,
– antispasmodiques en cas de coliques, de règles douloureuses, de contractions utérines au cours de la grossesse ou à l’accouchement,
– corticoïdes dont l’effet antalgique passe par leur action anti-inflammatoire,
– bisphosphonates pour les douleurs osseuses.
Solutions non médicamenteuses
La prise en charge de la douleur peut faire appel, en complément ou à la place des médicaments, à des techniques variées.• Application de froid ou de chaud pour les douleurs inflammatoires (poches, sprays froids, etc.).
• Massages de kinésithérapie.
• Acupuncture, relaxation, sophrologie, hypnose.
• Thermalisme.
• Thérapies cognitivo-comportementales (avec un psychiatre ou une psychologue) quand le stress et l’anxiété sont intriqués.
• Électrostimulation transcutanée (petits appareils à courant basse fréquence).
• Neurostimulation implantable pour les douleurs chroniques insupportables (de dos, sciatique).