Pas de répit pour les allergiques !

Pas de répit pour les allergiques !
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Identifier l’allergène responsable de son allergie n’est pas toujours simple. Mais c’est indispensable pour savoir quelle stratégie adopter.

En quelques décennies, les maladies allergiques ont véritablement explosé. Dans les pays industrialisés, les allergies figurent aujourd’hui au quatrième rang des maladies chroniques et elles gagnent le reste du monde. En France, de 25 à 30 % de la population souffre d’allergie (rhinite, asthme, eczéma, urticaire...) à des degrés divers.

L’urbanisation, cauchemar des allergiques

Les responsables : l’urbanisation et les changements qu’elle a provoqués chez les habitants. À l’inverse des siècles passés, 80 % des populations occidentales vivent dans les villes, contre 20 % à la campagne. Outre la pollution atmosphérique, due essentiellement au trafic routier et aux industries, le mode de vie et l’environnement urbains sont des grands pourvoyeurs d’allergies. Nos appartements confinés, surchauffés et humides favorisent ainsi la multiplication des moisissures et des acariens et le manque d’activités physiques à l’extérieur accroît les contacts avec les nombreux allergènes présents à l’intérieur (animaux et polluants chimiques entre autres). Or, les citadins passent jusqu’à 80 % de leur temps dans les habitations, les bureaux, les écoles et autres locaux...

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Pas seulement l’hérédité

Si l’hérédité joue incontestablement un rôle dans l’allergie, le facteur génétique ne peut pas expliquer la hausse inquiétante du nombre de cas d’allergies respiratoires, cutanées et alimentaires. L’environnement au sens large est en cause. Plus exactement, ce que nous mangeons, buvons et respirons peut influencer l’expression de certains gènes dans l’organisme et induire dans les cellules des modifications chimiques. Notre système immunitaire se trouve déréglé, ce qui fait le lit de certaines maladies dont les allergies. Ces altérations peuvent même se transmettre ensuite d'une génération à l'autre.

Des pollens par centaines

Éternuements en rafale, nez bouché ou qui coule, yeux rouges qui picotent et larmoient, gorge qui démange... Le tableau du « rhume des foins » – rhinite allergique saisonnière en langage médical – est bien connu. Et pour cause. Selon un rapport de 2014 de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), 30 % des plus de 15 ans souffrent de rhino-conjonctivite allergique. Et les enfants ne sont pas épargnés. Les pollinoses – troubles provoqués par les pollens – touchent 7 % des 6-7 ans et près de 20 % des 9-14 ans.

Allergènes des villes

C’est un paradoxe, les allergies aux pollens (au printemps et en été) sont plus fréquentes dans les villes où les végétaux sont pourtant plus rares que dans les campagnes. Pour plusieurs raisons. Primo, les arbres et les plantes y sont souvent choisis sur des critères esthétiques ou économiques sans tenir compte de leur impact sur la santé. Dans la capitale, par exemple, les herbes folles semées un peu partout, et jamais fauchées, ont un potentiel allergisant très élevé. Secundo, les polluants atmosphériques comme ceux émis par les pots d’échappement aggravent la toxicité des grains de pollens en fragilisant leur surface et en libérant plus facilement les allergènes. Tertio, les pollens disséminés dans l’air se fixent sur les fines particules de diesel, lesquelles favorisent leur pénétration dans les bronches, donc les crises d’asthme. Autre facteur aggravant : le changement climatique qui avance la date de pollinisation de nombreuses espèces végétales et allonge sa durée de deux semaines environ.

Cyprès, thuyas, ambroisie...

Jusqu’ici, peu de municipalités (Bordeaux et Nantes par exemple prouvent pourtant que c’est possible...) et de particuliers se préoccupent de l’impact de leurs plantations. Résultat : trop de haies de cyprès et de thuyas, de bouleaux et maintenant d’oliviers, très tendance... Les arbres à chatons sont également allergisants : aulne, noisetier, frêne, platane, chêne, châtaignier, peuplier... Parmi les graminées : phléole, dactyle, ivraie mais aussi blé, avoine... L’ambroisie arrive largement en tête des herbacées allergisantes devant la pariétaire, le plantain, l’armoise. Très fréquente dans la région Rhône-Alpes, elle remonte d’année en année au Nord de manière inquiétante. Mais jusqu’ici les actions pour limiter son extension sont rares...

 

Témoignage : Une allergie soudaine




« Nouveaux retraités, nous venions de déménager dans la région lyonnaise... En juillet, j’ai commencé à faire des crises pénibles. J’éternuais et je mouchais sans arrêt, mes yeux étaient gonflés, pleuraient. Ça a fini par passer et je n’ai pas consulté l’allergologue comme mon médecin traitant me l’avait conseillé, mais l’été suivant, rebelote... Le spécialiste m’a demandé si j’avais un terrain atopique (j’ai découvert le mot), mais ni moi ni personne dans ma famille n’avions eu d’eczéma ou d’autre manifestation allergique. Je sais maintenant qu’une allergie peut survenir sans antécédent familial ou personnel, avec des pollens très agressifs et abondants comme c’est le cas de l’ambroisie ici. Pas de chance !
Céline, 64 ans



 

Des allergènes plein la maison

On croit souvent que la pollution extérieure est bien supérieure à la pollution intérieure. Certains même ignorent qu’un logement, un bureau, une école peuvent être pollués et favoriser les allergies... Or, l’air de nos habitations est 5 à 7 fois plus pollué que celui que nous respirons dehors ! Même dans les crèches, le taux des composés organiques volatils (COV) – c’est-à-dire de gaz et de substances chimiques variées comme le benzène et le formaldéhyde, irritantes et allergisantes, qui se répandent facilement dans l’atmosphère ambiante – dépasse souvent les valeurs toxiques de référence.

Polluants irritants et allergisants

En 2010, l’UFC-Que Choisir (Union fédérale des consommateurs) avait testé la qualité de l’air intérieur de 35 députés et sénateurs ainsi que de la secrétaire d’État à l’Écologie de l’époque. Résultat édifiant : la totalité des prélèvements indiquait la présence de nombreuses substances peu respirables : benzène, formaldéhyde, trichloréthylène, acide cyanhydrique, particules fines, etc. Ces polluants proviennent des produits chimiques contenus dans toutes sortes de matériaux de construction et de produits, présents en quantité dans nos logements. En tête de liste : isolants, peintures, vitrificateurs, mobilier (meubles en bois aggloméré utilisant des colles à base de formol, ou en plastique). S’y ajoutent les produits d’hygiène et de cosmétique, les détergents, les sprays nettoyants, les désodorisants ou « purifiants » (y compris à base d’huiles essentielles), l’encens, les bougies parfumées (la mode actuelle est catastrophique)... Sans oublier le tabac dont les particules fines restent longtemps en suspension dans l’air et se déposent sur les meubles, les vitres, les rideaux...

Or, tous ces polluants volatils forment un drôle de cocktail, très irritant pour la peau et les muqueuses du nez, des yeux et de la gorge. Lesquelles deviennent alors beaucoup plus réceptives aux agressions extérieures : virus et bactéries, mais aussi allergènes comme les acariens, les moisissures et les animaux.

Acariens : l’ennemi n° 1 des allergiques

Responsables de 45 % des allergies respiratoires (rhinite, conjonctivite, asthme), les acariens de la poussière de maison se développent même dans les logements les plus propres. Dans la literie, les canapés, les rideaux, les tapis, les moquettes, les peluches... Partout où il fait chaud et humide, et où ils trouvent de quoi se nourrir : des squames humaines, autrement dit des débris de peau morte, de cheveux et d’ongles. Ces minuscules bestioles, invisibles à l’œil, ne vivent que trois mois mais se reproduisent rapidement. Leurs déjections aussi sont allergisantes, ce qui complique encore la lutte...

Principaux moyens pour limiter leur concentration : • mettre des housses anti-acariens de bonne qualité aux matelas, oreillers et couettes ; • laver couettes, couvertures, peluches..., tous les trois mois à 60°C ; • placer au congélateur les éléments non lavables à 60°C avant de les mettre dans la machine ; • supprimer tapis et moquettes ; • opter pour des rideaux légers faciles à laver régulièrement ; • limiter les bibelots ramasse-poussière ; • aérer longuement tous les jours (lit ouvert) ; • limiter la température à 19°C maximum ; • utiliser un aspirateur à filtre adapté (HEPA) ; • dépoussiérer au chiffon humide.

 À lire également : Allergie aux acariens : comment s’en débarrasser ?
 

Sus aux moisissures !

On pense moins aux moisissures et pourtant elles sont responsables de troubles respiratoires chroniques, de la rhinite aux crises d’asthme. Certaines moisissures sont apparentes, d’autres se cachent derrière un papier peint, sous un évier, à la cave par exemple. L’eau de Javel est efficace mais c’est surtout l’origine qu’il faut éliminer : fuite, problème de gouttière, remontée d’humidité... Ne pas oublier d’aérer cuisine et salle de bains.

Animaux, la séparation comme solution ?

Autre cause fréquente d’allergies (rhinite et asthme surtout), les animaux de compagnie qui sont légion dans les foyers français (60 millions selon une enquête Sofres !). Le chat dans deux tiers des cas, le chien, mais aussi le cochon d’Inde, le hamster, le lapin, et tous les « nouveaux animaux de compagnie», les NAC (rat, serpent...). Les allergènes, présents dans la salive, l’urine, les peaux mortes, se déposent sur les poils par le léchage. En cas d’allergie handicapante, le mieux est de se séparer de l’animal, mais c’est souvent difficile...

Les autres responsables

Blattes (cafards). Dans les locaux humides, chauds et contenant de la nourriture (cuisine, gaine d’aération...). Leur éradication est difficile car tous les appartements doivent être traités en même temps par des sociétés spécialisées.
Abeilles, guêpes et frelons. Les réactions peuvent être très violentes, de l’urticaire géante au choc anaphylactique.
Aliments. La liste ne cesse de s’allonger. Les plus fréquemment en cause chez le petit enfant : œuf, lait, cacahuète (arachide). Chez l’adulte : fruits de la famille des rosacées (pomme, poire, abricot, pêche...), légumes de la famille du céleri (fenouil, carotte, persil, coriandre...), crustacés, fruits à coque (amande, noisette, pistache...), poisson, etc.
Médicaments. Tous peuvent provoquer une réaction violente, y compris ceux que l’on prend sans problème depuis des mois. Surtout pénicilline, aspirine, anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), morphine, anesthésiques, curares...
Latex. Cette allergie a diminué car les industriels ont éliminé le maximum d’allergènes dans la fabrication des gants, tétines, préservatifs, tubulures de perfusion, etc. À savoir : les allergènes du latex croisent avec certains fruits exotiques (banane, kiwi, avocat...).
• Mais aussi nickel, chrome, apprêts textiles, colorations capillaires, tatouages provisoires...


 

Conseils de pharmacien : En cas d'eczéma

• L’hydratation de la peau (une ou deux fois par jour) est la clé de voûte du traitement. Mais seulement au stade des rougeurs ou des plaques sèches, pas en cas de surinfection.
• Pour en augmenter l’efficacité, lavez-vous avec un pain ou un liquide sans savon et, si l’eau est calcaire, pulvérisez, après rinçage, avec un brumisateur d’eau thermale. Évitez bains moussants, talc, parfums et dermocosmétiques parfumés.
• Préférez les douches aux bains, ou sinon rarement, brièvement et à une température inférieure à 35°C. Essuyez-vous sans frotter, en tamponnant doucement la peau.
• Utilisez un maquillage spécifique pour peaux atopiques (en pharmacie).


À savoir

Excès d’hygiène ?
La progression de la propreté dans nos sociétés occidentales augmenterait la susceptibilité aux maladies allergiques en supprimant le développement naturel du système immunitaire. Des études montrent en tout cas que les enfants nés et élevés dans des fermes, exposés à une multitude de bactéries, de moisissures et d’animaux, sont moins allergiques.

Tests et traitements

Même quand l’allergène en cause est évident ou que la réaction allergique n’a pas l’air inquiétante, il faut en parler à son médecin traitant. Car l’allergie peut s’aggraver avec le temps au point de mettre la vie en jeu : œdème de Quincke (qui atteint le larynx et obstrue les voies aériennes) et choc anaphylactique, deux urgences absolues. Le généraliste vous adressera à un allergologue.

Trouver l’allergène responsable

Il n’est pas toujours simple de repérer l’aliment, le pollen ou l’animal fautif et le bilan allergologique ressemble souvent à une enquête policière. L’interrogatoire sur les symptômes de l’allergie (démangeaison de la peau ou des yeux, gonflement du visage, difficultés respiratoires...), les circonstances de leur apparition (après application d’un cosmétique, au printemps...) et d’éventuels antécédents familiaux ou personnels ne suffit pas toujours. Des examens (débitmètre de pointe, explorations fonctionnelles respiratoires) et des tests peuvent s’imposer. Selon les cas, pricks-tests (tests cutanés à lecture immédiate), intradermoréaction, patchs-tests (bandes adhésives collées sur la peau, enlevées après 48 et 72 heures), dosage des immunoglobulines E, notamment.

 À lire aussi : Allergie ou Intolérance alimentaire ?

Traitement au cas par cas

La stratégie est fonction du résultat, du type d’allergie et de sa gravité. Soit l’éviction de l’allergène responsable quand c’est possible (chat, médicament...) ; pour les aliments aussi, mais attention à prévenir amis et restaurateurs et, pour les mets industriels, à bien lire les étiquettes. Soit un traitement adapté, pour les symptômes ou de fond : antihistaminiques par voie orale, corticoïdes le plus souvent inhalés ou en crème, bronchodilatateurs. Soit une désensibilisation pour certains allergènes dont : pollens de bouleau, graminées, pariétaire, acariens. Les résultats varient mais, en revanche, la désensibilisation est toujours efficace pour le venin de guêpe ou d’abeille.

Des aides utiles




  • Actisoufre
    GRIMBERG
    Association soufre-extraits de levures pour pulvérisations buccales ou nasales. Complète le traitement des rhinites et rhinopharyngites chroniques.
    Flacon pressurisé de 100 ml.

  • Alere Allergie Home Test
    ALERE
    Test rapide pour évaluer la concentration des immunoglobulines E dans le sang et ainsi dépister une sensibilité allergique.
    Boîte d’un test.

  • Atoderm Huile de douche
    BIODERMA
    Ultra-nourrissante, elle nettoie et soulage les peaux sensibles, très sèches, irritées et atopiques.
    Flacon pompe de 200 ml ou 1 l.

  • Bional Medical Allergy
    OMEGA PHARMA
    Spray pour dégager les mucosités des fosses nasales et soulager les symptômes des rhinites allergiques. Sans cortisone ni antihistaminique.
    Spray nasal de 20 ml.

  • Glycérol/vaseline/paraffine
    PIERRE FABRE
    Nouveau. Crème émolliente et hydratante, générique de Dexeryl par le laboratoire qui l’avait mise au point. En traitement d’appoint de la dermatite atopique.
    Tube de 250 g.

  • Lergypax
    LEHNING
    Complexe homéopathique indiqué dans le rhume des foins et la conjonctivite allergique.
    Boîte de 40 comprimés orodispersibles.


En savoir plus


• Deux livres : Le livre noir des allergies des Dr Pierrick Hordé, Dr Isabelle Bossé et Guy Hugnet, éd. de l’Archipel, 2015, 17,95 €. Et Le grand livre des allergies, de la Fédération française d’allergologie (sous la direction du Pr Benoît Wallaert), éd. Eyrolles, 2014, 24,90 €.


• Sites Internet : www.pollens.fr (Réseau national de surveillance aérobiologique) ; www.allergies.afpral.fr (Association française pour la prévention des allergies) ; www.asthme-allergies.org et www.cmei-france.fr (conseillers médicaux en environnement intérieur).