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De même que l’on perd en acuité visuelle en prenant de l’âge (la définition d’une presbytie), il est tout à fait naturel de moins bien entendre aussi. Et d’autant plus précocement que l’on a chahuté ses oreilles autrefois, en écoutant de la musique à hauts décibels par exemple. 80 % des plus de 80 ans sont presbyacousiques. Or seulement un tiers des personnes malentendantes portent effectivement des aides auditives.
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Bien diagnostiquer une perte auditive
Chiffre
Au moins un tiers des plus de 60 ans ont des problèmes de malaudition, les femmes ayant, à âge égal, une oreille plus « jeune » de dix ans environ.À lire aussi : J’ai les oreilles qui sifflent |
Des aides esthétiques pour pallier une dédicience auditive
Ces conséquences d’une malaudition sont parfaitement évitables puisque, une fois le diagnostic porté, il existe une solution simple pour combler le déficit auditif : des « aides auditives », aujourd’hui d’excellente qualité et quasi invisibles, à l’image d’écouteurs de baladeurs. Numérisation aidant, elles sont maintenant de plus en plus petites, performantes (sans sifflements ou bruit de fond) et esthétiques (avec une palette infinie de modèles, couleurs et volumes). Disponibles à un prix moyen de 1500€ par oreille (y compris les différents réglages), elles sont remboursées sur une base Sécurité sociale de 200€ et doivent être renouvelées après 4 ans d’utilisation quotidienne.
Témoignage : J’ai réintégré la famille grâce à mon sonotone
Ce sont mes petits-enfants, que j’invite régulièrement au restaurant, qui m’ont averti… sans trop de précautions oratoires : Grand-Père, tu deviens sourd, tu devrais brancher ton sonotone ! et autres paroles affectueuses (!), mais justes… J’ai été longtemps arrêté par le prix des appareils et le fait que des amis avaient tenté l’expérience, puis renoncé, les prothèses dormant dans leur tiroir de table de nuit, parce que, semble-t-il, inefficaces et crachotantes. On me disait pourtant que ce n’était qu’un problème de réglage et que l’audioprothésiste était formé et payé pour cela.
Je n’ai rien fait pour mon audition vieillissante jusqu’à ce jour d’anniversaire où je suis resté toute une soirée, un sourire plaqué sur le visage, imperméable à toutes les conversations. Et ils en ont des choses à dire, mes petits-enfants ! Depuis, je me suis offert des aides auditives et j’ai l’impression d’avoir réintégré la famille.
Jean-Louis, 75 ans
Mesurer sa perte d’audtion avant la surdité
Parce que mieux vaut savoir où en sont ses oreilles et ainsi protéger sa relation aux autres et son cerveau…
• Soyez à votre écoute
Premier signe d’alerte, l’isolement ! Dans le bruit, au restaurant ou en famille, on devient sourd à une conversation et obligé de faire répéter, et l’on répond à côté. Ce sont en effet les sons aigus qui « partent » les premiers, et en particulier les consonnes qui donnent la compréhension. Une situation équivalente à celle que l’on peut vivre à l’Opéra où les voyelles sont forcées à l’extrême : sans livret, on est perdu !
• Hein ?*
C’est le nom du dispositif de dépistage des troubles de l’audition, par téléphone, conçu par l’Association France Presbyacousie. Un test fiable et simple. Il s’agit d’identifier 27 séries de 3 chiffres, au téléphone (fixe uniquement, pour une réception plus sûre), en quelques minutes, pour juger du niveau de compréhension de la parole dans le bruit. Les candidats au dépistage valident les chiffres reconnus à l’aide du clavier de téléphone. Un outil ultrasimple qui permet d’engager le dialogue avec son médecin et, s’il le faut, de se faire appareiller.
* 0 892 790 791 (0,40€ la minute), www.presbyacousie.fr
• L’audiogramme
En cas de presbyacousie, c’est l’oreille interne (sa partie la plus profonde, après l’oreille externe qui correspond grossièrement au conduit auditif et l’oreille moyenne au tympan) qui est atteinte. C’est donc elle que l’ORL teste. Plus précisément : les cellules de la cochlée – un « limaçon » qui amplifie, analyse et aiguille les vibrations vers les fibres nerveuses qui lui sont connectées, puis transforme le son en un message nerveux intelligible par le cerveau. Son vieillissement est à l’origine d’une surdité que l’on dit de perception. Celle donc des presbyacousiques.
L’examen est simple, rapide et indolore : la personne testée est placée, casquée, dans une cabine insonorisée et doit indiquer les sons qu’elle perçoit. Les tests auditifs portent sur la perception de sons musicaux et de listes de mots.
Il s’agit d’évaluer les performances de chacune des oreilles, de quantifier la perte auditive, en décibels. Pour une perte moyenne de 20 à 40 dB (perte des bruits faibles, des aigus et de certains éléments phonétiques), la surdité est qualifiée de légère ; lorsque la perte est de 40 à 70 dB (seule la parole forte est perçue et une aide auditive est nécessaire), elle est étiquetée « moyenne » ; « sévère », quand la perte atteint 70 à 90 dB.
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Réponses d'expert : dépister une surdité à la naissance
Dr MARC KOSKAS
Pédiatre à Saint-Maur-des-Fossés
Le dépistage d’une surdité est maintenant systématiquement proposé aux parents, à la maternité, dans les deux jours après la naissance. Elle était autrefois découverte vers 18 mois, ce qui empêchait l’apprentissage normal du langage oral… Or, un enfant sur 1000 naît sourd. Lors de ce test, indolore, des « oto-émissions acoustiques », il s’agit de vérifier que l’oreille est capable de répondre à une stimulation sonore en faisant un léger écho. L’examen prend une à deux minutes par oreille et le résultat, immédiat. Il n’est toutefois pas fiable à 100 % et l’audition sera à nouveau évaluée lors des examens habituels, réguliers, qui suivront, à 4, puis 8 mois.
Si l’oreille n’émet pas de sons, ce peut être en raison d’un problème technique, mais si un nouveau test n’est pas concluant, un ORL prend le relais pour un examen plus spécialisé et performant (les potentiels évoqués automatisés). L’examen de dépistage est d’autant plus indiqué en cas d’histoire familiale de malaudition, de souffrance du bébé à la naissance, de petit poids de naissance ou d’infection contractée pendant la grossesse (rubéole, toxoplasmose, etc.).