Élodie Gossuin : « On peut trouver des moyens de rendre la vie plus légère »

Élodie Gossuin : « On peut trouver des moyens de rendre la vie plus légère »
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Elle n’aime pas les faux-semblants, élève quatre ados en gardant la pêche, plaide la cause des femmes débordées, revendique le choix comme étant son seul luxe, porte haut et fort la voix de l’Unicef…  En un mot, c’est une « sacrée nana » qui nous donne rendez-vous cet été sur les chaînes du groupe M6 et à la rentrée avec Mam’s, une bande dessinée aux allures de one-woman-show hilarant.

Éducation, couple, sexualité, éco-anxiété, charge mentale, engagement, lâcher-prise… Mam’s aborde le quotidien par le prisme féminin, de façon très drôle et décomplexée. Comment est née l’idée de ce livre ?

Élodie Gossuin : J’ai décliné plusieurs propositions avant d’accepter celle qui me laissait le libre choix de la BD. Pour être honnête, je ne suis pas cliente des « modes d’emploi de la femme parfaite à 40 ans » – celle qui fait du yoga, mange du quinoa, gère tout en restant zen, belle et bien dans sa peau… D’une part, ça ne me ressemble pas. Il faudrait des journées de 28 heures et ne pas avoir d’enfant pour suivre leurs conseils. Ce n’est pas moi. D’autre part, je trouve ces « guides pra­tiques » un peu donneurs de leçons, astreignants et surtout culpabilisants si l’on ne parvient pas à faire ce qu’ils préconisent. La vie n’étant déjà pas simple, je ne suis pas pour y ajouter des contraintes !

La bande dessinée vous permettait-elle de concilier une forme légère et un fond sérieux ? Plusieurs interviews d’experts (psy, sexologues) ponctuent le texte...

C’est exactement ça. Tout en étant ludique et rafraîchissant, ce mode d’écriture permet d’aller assez loin dans le traitement des sujets. Le talent de Céline Bailleux, l’illustratrice avec qui j’ai travaillé sur Mam’s, y est pour beaucoup. Ce livre est aussi un bébé amical né d’une belle rencontre. Une histoire de sororité qui a commencé par le coup de cœur que j’ai eu pour son coup de crayon. J’ai découvert ses dessins sur les réseaux sociaux et j’ai tout de suite craqué sur son univers. Je l’ai contactée pour le livre et j’ai été heureuse qu’elle accepte de s’embarquer dans cette aventure avec moi.

À travers Élodie, votre héroïne, vous détricotez un quotidien dans lequel toutes les femmes peuvent se retrouver. 

C’était le but. En partant de mon vécu, j’ai essayé d’aborder toutes les situations (et les galères) auxquelles les femmes sont aujourd’hui confrontées. Ça va de rallumer la flamme dans son couple, aux enfants à gérer qu’on soit seule ou à deux, en passant par les soirées officiellement non alcoolisées. Le message que j’avais envie de faire passer, c’est qu’à un moment donné, il faut accep­ter de lâcher prise si l’on veut tenir le coup. Je pense qu’il faut mettre un peu de folie chez soi pour arriver à supporter celle qui vient de l’extérieur. Je suis con­vain­cue que, enfants ou pas, c’est dans la bulle de son foyer que l’on peut trouver un moyen de rendre la vie plus légère.

Quel genre de « folie » peut-on mettre dans sa vie pour rendre la réalité plus agréable ?

Rien d’insensé ! Juste des petites choses qui permettent de faire sauter de temps en temps le carcan de la rigueur, de l’organisation, des obligations… Cet enfermement a de quoi rendre fou. Pour y échapper, il suffit de s’accorder de temps en temps un « Yes day » à la maison, une journée où l’on dit oui à ses envies en envoyant balader les conventions. Ça va de la pizza livrée et mangée dans le canapé en regardant la télé à danser dans le salon avec la musique à fond.

À quel moment avez-vous pris conscience que le foyer pouvait être une bulle protectrice et libératrice ?

Votre question me fait réaliser que le confinement a été le déclic. Avant, je courrais partout sans vraiment savoir où j’allais. Mes journées étaient chronométrées à la minute près, je me levais à 4 heures du matin pour mon émission de radio [la matinale de RFM, NDLR] et je rentrais tard. Heureusement, mon mari gérait beaucoup de choses à la maison. Là, il vient de subir une lourde opération. Il se remet mais n’a pas encore recouvré sa mobilité. Du coup, j’ai pris le relais sur la logistique et j’ai compris ce que c’était d’être une maman solo. Entre les courses, les trois allers-retours au collège et au lycée, les rendez-vous médicaux… Je n’ai pu travailler qu’une heure hier !

Personnalité, animatrice télé, épouse, mère de famille… Parmi toutes ces casquettes, laquelle est la plus facile et laquelle est la plus difficile à porter ?

Je fais de mon cas une généralité en disant cela, mais je pense que le plus difficile pour une femme est que l’on nous demande d’assurer sur tous les fronts. Nous devons à la fois savoir être tirées à quatre épingles au travail, se retrouver en pyjama à faire les lessives et à nettoyer les bêtises du petit dernier, et finir la journée au lit en amante parfaite qui met des porte-jarretelles.

C’est cette pression sociétale que vous dénoncez avec humour dans Mam’s

La société veut une femme glamour qui n’a pas le droit à l’erreur en matière d’éducation et qui doit travailler. Personne ne parlera d’une « supernana » qui, faute de temps, va au supermarché avec un vieux jean et les cheveux en bataille. Je vous avoue que je me garde bien de poster des photos de moi sur Insta quand je fais mes courses ! [Rires] Je me suis longtemps battue contre moi-même pour tordre le cou au cliché de la femme parfaite. J’ai arrêté de me faire la guerre le jour où j’ai accepté de ne pas pouvoir être toutes ces femmes à la fois.

Quel est l’aspect de votre vie auquel vous avez renoncé ?

La maîtresse. Ça fait 17 ans que je suis en couple et je ne mets plus de porte-jarretelles, ça c’est clair ! Dans le travail aussi j’ai lâché pas mal de choses. Je suis toujours très consciencieuse quand je fais quelque chose mais j’ai appris à dire non. Je n’accepte plus tout ce que l’on me propose, surtout si les horaires ne me conviennent pas ou si cela ne me ressemble pas en termes d’image. J’ai le luxe aujourd’hui de pouvoir faire des choix. 

À DÉVORER

Sous le pinceau de l’illustratrice Céline Bailleux, Élodie Gossuin dresse un portrait décomplexé du quotidien féminin. Entre textes qui sentent le vécu, avis d’éminents experts, lots d’anticonseils et quiz rigolos, l’animatrice prend le contre-pied des guides de parentalité et nous offre une BD « mode d’emploi » pleine de finesse et d’autodérision.  De quoi déculpabiliser les mamans qui ont l’impression de ne pas y arriver

Mam’s, d’Élodie Gossuin et Céline Bailleux (Solar, 19,90€).

À REGARDER

De retour pour une douzième participation à Fort Boyard, sur France 2, Élodie Gossuin illuminera de sa présence cet été d’autres rendez-vous cathodiques. À commencer par la deuxième édition de Ce soir on chante pour les pompiers, diffusée mi-juillet sur W9, et Le plus grand karaoké de France, sur M6, coanimé avec Éric Antoine.