Indications thérapeutiques, précautions d’emploi, interactions médicamenteuses, posologie, mode et voie d’administration, effets indésirables… Il se pourrait bien que cette « notice patient » en papier, de rigueur dans les boîtes de médicaments depuis janvier 1994, vive ses derniers mois. Sans se défaire de ses obligations, elle est amenée à être remplacée par son pendant numérique, un QR Code à scanner sur les emballages. C’est du moins ce que la Commission européenne a commencé à mettre en application depuis 2022 dans huit États membres. Aujourd’hui, c’est au tour de la France d’emboîter le pas à la modernisation digitale. À partir du 1er octobre prochain, et sous la houlette de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), une centaine de médicaments en pharmacie – dont le paracétamol, les statines pour le traitement du cholestérol, certains traitements contre les maladies cardiovasculaires et des vaccins – et 500 à l’hôpital auront imprimé sur leurs emballages le fameux petit carré noir et blanc. En ville, la version papier restera, dans un premier temps, fournie dans chaque boîte.
Le but de la manœuvre
Deux ans. C’est le temps que se donnent les autorités sanitaires françaises pour faire estimer par des représentants des patients, des professionnels de santé et des industriels, la réussite du passage au numérique de la « notice patient ». Outre l’objectif de consommer moins de papier, cette dématérialisation permettrait également, selon plusieurs fédérations européennes représentatives de l’industrie pharmaceutique, de « garantir une information mise régulièrement à jour, d’améliorer la lisibilité grâce à l’ajustement de la taille des caractères, de faciliter la diffusion multilingue des notices et la redistribution des boîtes entre États membres, améliorant ainsi la disponibilité des médicaments ».
Quels risques pour les patients ?
Si l’idée est bonne « sur le papier », elle suscite aussi des inquiétudes. Plusieurs associations de patients dénoncent une fracture numérique qui pourrait laisser sur le bord de la route les personnes âgées, précaires ou peu à l’aise avec la technologie. Et que faire en cas de panne de batterie ou d’absence de connexion ? Des voix s’élèvent également pour défendre le rôle rassurant de la notice papier, facilement consultable en toutes circonstances. Conscients de ces limites, certains laboratoires optent pour un modèle mixte : une notice numérique par défaut, et une version imprimée disponible sur simple demande. Un compromis qui permettrait d’avancer sans exclure. Affaire à suivre…
