Marie Fuzzati, Chercheuse et directrice scientifique de France Parkinson
Au cours de sa vie, 1 personne sur 50 développera la maladie de Parkinson, caractérisée par une perte progressive des neurones dopaminergiques. Or, la dopamine, un neurotransmetteur qui permet la circulation d’informations d’un neurone à l’autre, joue un rôle essentiel dans le mouvement, le plaisir, la motivation, ce qui explique les différents symptômes, parfois moins connus, de la maladie (troubles moteurs, mais également du sommeil, fatigue, dépression, constipation, etc.).
Traitements « substitutifs »
Les traitements actuels sont uniquement symptomatiques : ils ne guérissent ni ne ralentissent la progression de la pathologie, mais atténuent les symptômes – tremblements, lenteur et rigidité au premier plan – en élevant les niveaux de dopamine dans le cerveau.
On recourt soit à un précurseur de la dopamine, la lévodopa, le plus ancien médicament du Parkinson, soit à un agoniste de la dopamine qui stimule les récepteurs de la dopamine dans le cerveau, soit encore à un traitement qui freine la dégradation du neurotransmetteur dans le cerveau. L’un ou les autres, lévodopa ou agoniste pouvant être combinés selon leurs effets positifs… et indésirables. Le principal, les fluctuations d’efficacité, qui se produisent après quelques années, sont liées aux variations des niveaux de dopamine dans le sang une fois le médicament ingéré : la réapparition des signes moteurs, qui sont les marqueurs des phases off, dès que les niveaux de dopamine sont insuffisants, oblige à des prises répétées. « Quoi qu’il en soit, le traitement est unique pour chaque patient », souligne la directrice scientifique de l’association France Parkinson, Marie Fuzzati.
Faut-il y croire ? L’activité physique pour ralentir la progression ?
La science est formelle : l’activité physique régulière, dès le diagnostic, permet de ralentir la progression de la maladie. Mieux encore, elle pourrait avoir un effet préventif, avant que la maladie ne se manifeste… Enfin, une publication récente fait état d’une moindre fatigue. Établir une routine plaisir d’activité physique adaptée est donc une part non négociable de l’ordonnance !
À un stade avancé
Beaucoup de progrès ont été réalisés à un stade avancé de la maladie pour réduire les fluctuations quand le traitement fonctionne peu (Off) ou trop, axés sur le mode d’administration de la molécule (de son précurseur ou de l’agoniste, puisque la dopamine ne peut entrer directement dans le cerveau en raison de la barrière hémato-encéphalique). Il existe maintenant des pompes externes à apomorphine (un agoniste) par perfusion sous-cutanée au niveau de l’abdomen, et, depuis novembre 2024, une pompe de lévodopa.
À l’étude encore, parce qu’en cours de validation après des résultats prometteurs, l’administration cérébrale continue (circadienne, en fonction du niveau d’activité) de dopamine non oxydée à l’aide d’une pompe doseuse implantée sous la peau au niveau de l’abdomen et reliée à un fin cathéter placé dans le cerveau.
Enfin, la compréhension des anomalies électriques aux mouvements autorise une stimulation cérébrale profonde « adaptative » selon l’activité, anticipant les périodes de blocage.
Ce qu’il en pense
Bruno, 65 ans
« J’ai d’abord eu l’impression d’une perte de synchronicité entre mon côté gauche et droit, de ne pas piloter mes mouvements, mais je me débrouillais, sans trop d’inquiétude… jusqu’à la chute. Une sorte de paralysie m’a fait tomber de vélo. Là, j’ai pris peur et consulté. On m’a prescrit un traitement que je complète par plus d’activité physique, utile à la fois pour mon diabète et cette nouvelle maladie. »
Un programme pour les proches
Formation, soutien psychologique, en visio ou physique (83 comités)… Le programme d’accompagnement A2Pa proposé par l’association France Parkinson est à la carte et gratuit. www.franceparkinson.fr