Quand les vertèbres en ont plein le dos

Quand les vertèbres en ont plein le dos
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Les lombaires ne sont pas les seules vertèbres à souffrir. Celles du cou et du milieu du dos pâtissent aussi de la sédentarité et des mauvaises postures. Conseils pour soulager ou prévenir les douleurs.

La colonne vertébrale est formée de 24 vertèbres articulées entre elles grâce aux disques inter­vertébraux qui, tels des amortisseurs, absorbent les chocs et répartissent les pressions. En bas du dos, 5 vertèbres lom­baires sur lesquelles se superposent 12 vertèbres dorsales articulées avec 12 paires de côtes (la cage thoracique), et, tout en haut, 7 cervicales très mobiles. La colonne ­ver­tébrale peut être douloureuse à tous
les étages, pourtant, quand on parle de maux de dos, on pense le plus souvent aux lombalgies. Bien que plus volumineuses que les autres vertèbres, ce sont les lom­baires qui “trinquent” le plus car elles supportent le maximum de charges et de contraintes. La sédentarité aggrave
un peu plus les choses car elle entraîne une diminution des muscles abdominaux et du dos, lesquels stabilisent la colonne.

Un contexte de fatigue et de stress

Les vertèbres dorsales (milieu du dos) peuvent aussi faire souffrir. L’origine est très souvent cervicale : la douleur, qui n’est pas toujours ressentie au niveau du cou, irradie entre les omoplates. Les cervicalgies sont bien plus fréquentes que les dorsalgies. Selon la Haute Autorité de
santé, environ deux tiers des Français connaîtront un épisode douloureux au niveau du cou dans leur vie, et 1 sur 5 a déjà présenté un épisode de cervicalgie d’une durée de plus de trente jours au cours de l’année écoulée. Ce type de douleur survient très souvent suite à un effort particulier, une activité trop intense ou inadaptée, ou une chute. Un contexte de fatigue, de stress ou de manque de sommeil favorise les contractures mus­culaires au niveau du cou. Les mauvaises postures au travail, bien souvent mises en cause, représentent bien un facteur de risque, mais si l’on pratique une activité physique régu­liè­rement, travailler toute la journée penché sur un écran ne suffit pas à provoquer une cervicalgie.

Bloqué par le torticolis

Le torticolis est une cervicalgie qui se caractérise par une douleur vive et une gêne importante lors des mouvements du cou ou dans certaines positions de la tête. Les contractures d’un ou de plu­sieurs muscles sont fortes et s’accompagnent parfois de douleurs articulaires et de petites poussées inflammatoires arthrosiques ou inconnues. « C’est comme le lum­bago : on a très mal, on est bloqué et le cou s’enraidit de plus en plus, expli­­que Charlène Chéron, chiropractrice. Un torticolis peut arriver après un mou­vement habituel, par exemple en faisant un créneau. Ce n’est pas un faux mouvement comme on le croit souvent mais un mouvement réalisé dans un contexte particulier (fatigue, stress, etc.). Le corps
ne s’adapte pas correctement. »

Faire « craquer » ou non ? 

En cas de cervicalgie, on peut se masser la nuque une ou deux fois par jour avec une pommade ou une crème antalgique. Certaines contiennent du menthol, du cam­phre ou de l’eucalyptol qui ont un effet chauffant local. L’application d’un patch chauffant, d’une chaufferette ou d’une poche de chaleur souple (en pharmacie) peut aider à se décontracter. Si besoin, on peut prendre un antidouleur mais si la douleur persiste, le recours à un kinésithérapeute (sur prescription médi­cale), un ostéopathe ou, mieux, un chiropracteur est souhaitable. Ces derniers traitent aussi avec les mains, mais leur champ d’action est plus large car ils peuvent utiliser des instruments et être assistés mécani­quement (voir encadré « La chiropraxie, vous connaissez ? »). Et surtout, ils sont autorisés à réaliser des manipulations cervicales sécuritaires, comme l’explique la chiropractrice : « Ils sont formés et habilités à juger de l’intérêt de certaines manipulations, sans avis médical. Ce qui n’est pas le cas des kinés et des ostéos qui ne peuvent pratiquer de manipulations cervicales que si un médecin a établi un certificat de non-contre-indication. Sauf, bien sûr, s’ils sont aussi médecin. »

Il faut parfois réaliser une manipulation et donc de faire « craquer ». Il ne s’agit pas de remettre une vertèbre déplacée en place, comme on le croit souvent, mais de stimuler une articulation afin de lui redonner une meilleure mobilité articulaire, et réduire les douleurs et les contractures musculaires. « La mani­pu­lation consiste à écarter les deux surfa­ces articulaires, ce qui entraîne une différence de pression, un vide, comme lorsqu’on décolle une ventouse d’une vitre, d’où ce “crac”. C’est très efficace car la douleur diminue instantanément. Mais, bien entendu, nous ne la pratiquons que si le patient est d’accord. »

Hernies aux cervicales basses

Si les hernies discales, dues à l’arthrose, au port de charges lourdes ou à un effort violent, sont plus fréquentes dans le bas du dos, elles peuvent également se ­situer au niveau des cervicales basses, à la jonction avec les dorsales, ou, plus rarement, au niveau des vertèbres dorsales. Ces dernières, reliées aux côtes, sont moins mobiles et occasionnent donc moins de hernies. Le disque qui sert d’amortisseur entre deux vertèbres est formé d’une coque fibreuse qui renferme un noyau gélatineux. Si la coque se fissure ou se fend, la substance s’échappe hors
du disque et forme une petite saillie, une hernie discale. Elle peut provoquer douleur, inflammation, voire compression des nerfs situés le long de la colonne. Là aussi, le chiropracteur peut, par des manipulations douces et appropriées, réduire les douleurs et former le patient aux bons gestes et aux bonnes attitudes.

L’avis de l’experte : Mieux vaut prévenir

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Charlène Chéron, Chiropractrice à Montcuq

« Des exercices simples à faire tous les jours permettent de ren­forcer les muscles du cou : écraser sa tête sur un coussin dans un lit ou sur l’appuie-tête en voiture ; placer une serviette roulée en boudin derrière la nuque et mobiliser la tête à droite et à gauche. Pour relaxer les muscles du haut du dos, bouger les épau­les dans tous les sens, lever les bras et faire des grands cercles en les projetant vers l’arrière. Répéter plusieurs fois par jour tant qu’on a mal et continuer en prévention.
Au travail, adopter les bonnes pos­tures : en position assise, poser les pieds au sol, l’écran au niveau des yeux et le clavier juste devant soi, à 15-20 cm du bord du bureau environ. Et, surtout, penser à faire des pauses toutes les deux heures pour se dégourdir et s’étirer. » 

La chiropraxie, vous connaissez ?

Vingt ans après sa reconnaissance légale en France, cette thérapie manuelle est encore méconnue.

Les chiropracteurs utilisent des appareils de massage vibrants pour, notamment, détendre les muscles, ou par frottements pour travailler sur les adhérences tissulaires ; des appareils de mobilisation articulaire, en particulier lorsqu’une manipulation manuelle ne semble pas adaptée ; des tables à décompression qui servent, par exemple, à mobiliser les articulations au niveau de la colonne vertébrale ; des tables avec des parties articulées pour réaliser certaines manipulations de la colonne vertébrale (notamment pour les patients ne souhaitant pas que ça « craque » ou qui ont des difficultés à se tourner et à bouger), etc. Pour devenir chiropracteur, cinq années d’études sont nécessaires.

Info +

L’Association française de chiropraxie (AFC) regroupe les chiropracteurs formés : chiropraxie.com