En janvier 2021, mon copain a détecté une boule dans le bas de mon sein droit. Tout s’est enchaîné très vite après que mon médecin traitant m’a annoncé le diagnostic : j’avais un cancer du sein. Quand j’ai voulu le dire à mes proches, je n’ai pas réussi à prononcer son nom. Dans un trait d’humour, je l’ai appelé « amourette de vacances », espérant qu’il ne dure qu’un temps. Ce surnom est devenu le pseudo que j’utilise pour mon compte Instagram sur lequel je parle du cancer à ma manière. On m’avait très tôt prévenue que je perdrais mes cheveux à cause des chimiothérapies. Deux semaines après la première chimio, ils ont commencé à tomber, par poignées. J’avais beau m’être préparée, j’ai été choquée par la rapidité. Pour garder mes cheveux le plus longtemps possible, j’ai procédé par étapes. Je les ai tout d’abord coupés au carré et les ai donnés à l’association Fake Hair Don’t Care, qui confectionne des chevelures naturelles à des prix ajustés en fonction du quotient familial. Au bout d’une semaine, j’ai dû me résoudre à les raser*. J’ai alors consulté une prothésiste capillaire d’Elite Hair pour choisir une perruque. Régulièrement, je visite Ma Parenthèse, une association nantaise qui accueille et accompagne les femmes atteintes d’un cancer : elles y font du shiatsu, participent à des réunions autour de la sexualité, de la fatigue, ou à des ateliers pour choisir un maillot de bain après une mastectomie. Aujourd’hui, mes cheveux ont repoussé.
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Réponses d'expert : Un signe visible du cancer
Dr Jean-Baptiste Méric
oncologue et directeur du pôle Santé publique et soins de l’INCa*
L’alopécie fait partie des effets secondaires engendrés par certains traitements contre le cancer. Elle survient autour de la troisième semaine après la première chimiothérapie : la perte des cheveux (et des poils) touche 90 % des patients atteints d’un cancer du sein et moins de 10 % des patients atteints d’un cancer du côlon. Tout est mis en place rapidement lors de la consultation d’annonce pour rassurer, car les cheveux repoussent toujours – à partir d’un mois après la fin des traitements.
Le patient est alors rapidement orienté vers des prothésistes capillaires proches de son domicile afin qu’il puisse choisir une perruque adaptée (remboursée par la sécurité sociale). De nombreuses structures spécialisées existent partout en France : certaines proposent des protocoles et des soins spécifiques, notamment pour éviter les irritations cutanées du cuir chevelu. Des conseils sont aussi donnés pour ne pas entraver la repousse des cheveux (pas de teinture ni de lavage trop fréquent). À l’hôpital, un casque réfrigérant peut être proposé avant le traitement ; il permet de retarder ou d’éviter la chute des cheveux dans 40 % des cas environ. L’aspect psychologique est aussi pris en compte, car la chute des cheveux matérialise la maladie aux yeux de tous : les rendez-vous socio-esthétiques sont en cours d’évaluation pour intégrer le panier de soins de support en 2023. À suivre…
*Institut national du cancer
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