Liberté d’avorter et protections menstruelles : des hauts et débats

Liberté d’avorter et protections menstruelles : des hauts et débats
Partager, imprimer cet article :
Par
Publié le
Plantées cette semaine par le gouvernement, deux graines sanitaires fleuriront pour les femmes en 2024. Tandis que la Première ministre a annoncé la prise en charge par la Sécurité sociale des protections périodiques réutilisables achetées en pharmacies par les moins de 25 ans, le chef de l’État s’est déclaré en faveur de l’entrée dans la Constitution de la « liberté » d’avorter.

C’est dans l’émission C’est à vous, sur France 5, que la cheffe du gouvernement a annoncé la nouvelle. Interviewée par Anne-Élisabeth Lemoine à l’avant-veille de la Journée internationale des droits des femmes, elle s’est en effet engagée à instaurer, dès l’année prochaine, le « remboursement par la Sécurité sociale des protections périodiques réutilisables et ce, pour toutes les jeunes femmes de moins de 25 ans ». Après que l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal a mis à disposition des protections périodiques gratuites dans les universités et les résidences des Crous en 2021, c’est au tour d’Élisabeth Borne d’agir pour toutes celles qui sont confrontées à la précarité menstruelle. Rappelons qu’aujourd’hui, ce sont 4 millions de Françaises qui sont concernées, contre 1,7 million il y a deux ans. Ce nouveau dispositif permettra à toutes les jeunes femmes de bénéficier, en pharmacie et sans ordonnance, du remboursement des tampons lavables, culottes, coupes et autres protections réutilisables.

Droit ou liberté ?

Cette semaine, autre sujet d’agitation médiatique : l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Pour rappel, la seule façon en France de protéger une loi d’abolition est de l’inscrire dans le cadre constitutionnel des règles les plus élevées de l’ordre juridique et des droits fondamentaux. Dans ce sens, fin novembre, les députés ont validé de la façon suivante l’inscription dans la Constitution du droit à l’IVG : « Nul ne peut porter atteinte au droit à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception. La loi garantit à toute personne qui en fait la demande l’accès libre et effectif à ces droits. » Conformément à la procédure, le texte est passé ensuite entre les mains des sénateurs, lesquels l’ont approuvé début février, mais corrigé à leur sauce et associé à un projet de loi plus global. En effet, au Sénat, ce « droit » pour chacune à l’IVG médicalisée s’est vu modifié en ces termes : « La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse. » Pour faire simple, ce changement de mots a fait repartir les débats à zéro : pour ne pas être bloquée, une proposition de loi constitutionnelle doit être adoptée dans des termes identiques par les deux chambres du Parlement.

Les vœux du président

Lors de l’hommage national à la célèbre avocate féministe Gisèle Halimi, mercredi 8 mars, Emmanuel Macron a annoncé un projet de loi qui sera préparé « dans les prochains mois » afin d’inscrire dans la Constitution « la liberté des femmes à recourir à l’interruption volontaire de grossesse ». En prenant parti pour la définition du Sénat, le chef de l’État impose sa vision de la loi en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés.