La césarienne, accouchement du futur ?

La césarienne, accouchement du futur ?
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L’accouchement par voie basse, par les voies naturelles, aurait-il moins les faveurs des femmes et de leur obstétricien que la césarienne ? 

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Norbert Winer, Chef de service de la maternité du CHU de Nantes, réseau de périnatalité des Pays de la Loire



À la lecture des « performances » des cliniques ou hôpitaux où l’on pratique des accouchements, on pourrait s’interroger : la césarienne ne deviendrait-elle pas la norme ? Dans les années 1980, en France, le taux de césariennes était d’environ 10 % ; en 2005, il atteignait 20 %, en moyenne. Depuis, il piétine… Certaines maternités explosent les plafonds, que ce soit dans celles de niveau 3 (qui accueillent les grossesses à risque) ou de niveau 1, publiques ou privées, d’autres restent dans les clous, mais quels clous ? Beaucoup de césariennes… mais sur quels critères ?

Au Brésil, par exemple, plus de 60 % des femmes accouchent par césarienne ; en Chine, c’est 90 %. Le dogme franco-français de « la césarienne, c’est mal » et l’accouchement par voie basse, la référence, a semble-t-il vécu.

« Il ne s’agit pas de faire moins, comme on le préconisait volontiers, mais de faire ce qui est bien pour la santé de la mère et de l’enfant », insiste le Pr Norbert Winer, chef de service de la maternité du CHU de Nantes. Et mieux vaut une césarienne programmée, dont l’indication est bien comprise, qu’une césarienne imposée par le contexte, non planifiée. Chacun des modes d’accouchement présente des risques, et la césarienne en particulier, comme tout acte chirurgical.

Sécuriser

Plusieurs facteurs concourent à cette « banalisation » de la césarienne : l’âge plus avancé de la mère au premier enfant, celle-ci étant alors plus susceptible de développer un diabète et/ou une hypertension artérielle, ce qui oriente vers une césarienne. À l’inverse, un déclenchement à partir de la 39e semaine, lorsque les conditions sont favorables, diminue le recours à la césarienne par rapport à un accouche­ment plus tardif : le bébé est en effet plus fragile en toute fin de grossesse, plus encore quand le terme est dépassé.

Faut-il y croire ? On peut choisir

Le mode d’accouchement est une décision partagée entre vous et le médecin obstétricien, en tenant compte des avantages et des inconvénients pour chacun d’entre eux, à apprécier en fonction de la situation du couple mère-bébé, unique.

La césarienne protège le fœtus des éventuelles difficultés du travail mais elle augmente la mortalité maternelle…

Cas uniques

Il est certaines circonstances, toutefois, où la césarienne ne se discute pas et ce, depuis toujours : bassin trop étroit, plus de deux bébés, maladie maternelle (un problème de cœur, neurologique, vasculaire ou ophtalmologique), poussée d’herpès ou d’hypertension artérielle.

Chiffre

25 % des voies basses planifiées (décidées à l’avance) se soldent par des naissances « instrumentales » : 15 % avec forceps et 10 % par césarienne

En cas d’obstacle lié à la grossesse elle-même, un placenta qui recouvre le col (obstruant la sortie) ou qui se décolle prématurément. Enfin, un bébé trop gros (en principe plus de 4,2 kg) ou extrêmement prématuré (moins de 1 kg), une présentation de l’épaule ou transversale, une procidence du cordon (qui sort avant le fœtus, une urgence absolue)… Toutes ces situations conduisent à pratiquer une césarienne. De même, l’arrêt des contractions, une altération du rythme cardiaque pendant le travail ou un bébé qui s’engage à peine dans le bassin après plusieurs heures de travail à dilatation complète sont autant d’indications absolues de césarienne, ici souvent décidée à la dernière minute.

Quelle expérience de la césarienne ?

Une enquête récente Wounded Women/Institut CSA avec le soutien d’Organon France révélait que 8 femmes sur 10 avaient vécu leur césarienne comme traumatique : dépression post-partum pour 1 sur 2, douleur de cicatrice 1 fois sur 4, etc. Et le traumatisme est plus grand si la césarienne, combinaison d’accouchement et de chirurgie, a été réalisée en urgence.