Dre Corinne Dubreuil, Pharmacienne
Alors qu’ils sont précieux au quotidien, nos pieds sont souvent négligés et enfermés dans des chaussures inconfortables ou inadaptées. Résultat, la peau s’épaissit sur les zones exposées aux pressions et aux frottements répétés, et les orteils finissent par se déformer, gêner la marche, voire handicaper.
À bas les talons hauts !
Les talons hauts déséquilibrent la répartition du poids du corps entre l’avant et l’arrière du pied en surchargeant l’avant-pied. Celui-ci doit alors s’étaler pour augmenter sa surface d’appui, mais les chaussures à talons hauts type escarpins ont souvent un bout étroit. Le pied ne peut donc pas s’adapter et subit des contraintes trop fortes. La pression anormale exercée sur la plante des pieds et les orteils provoque alors des douleurs, puis la formation de callosités et de corne sur les points d’appui (hyperkératose), une atrophie du capiton plantaire (graisse amortissante sous le pied) ainsi que des déformations : hallux valgus (déviation du gros orteil vers l’extérieur), oignon (bosse au niveau du premier métatarse), orteils en marteau.
Bref, bien qu’esthétiques, les talons hauts n’ont aucun avantage. Selon les podologues, on peut en porter occasionnellement mais pendant peu de temps et pas tous les jours, et au quotidien, préférer des talons de 3-4 cm pour permettre une bonne répartition du poids et faciliter le déroulé du pas.
Conseils de pharmacien : Tout pour le confort des pieds
Faute de place le plus souvent, toutes les pharmacies ne proposent pas un choix de chaussures médicales. Mais toutes ont un rayon soin des pieds, des crèmes anti-callosités aux talonnettes pour épine calcanéenne, en passant par les redresseurs pour hallux valgus. Les conseils de l’équipe officinale sont indispensables, même pour choisir des pansements pour ampoules. Pour une randonnée, par exemple, je recommande toujours de porter des bonnes chaussures déjà assouplies et d’appliquer un stick protecteur sur les talons. Mieux vaut prévenir…
Trouver chaussures à ses pieds
Des souliers mal ajustés, trop serrés ou trop lâches créent des ampoules et, à force, des callosités, causes de cors, de durillons et d’oignons, plus ennuyeux. Ne pas porter de chaussettes n’est pas non plus une bonne idée car cela augmente le risque de mycose et ce, même si les chaussures en matériaux respirants (toile, cuir, daim, etc.) limitent ce risque. En été, gare aux tongs qui peuvent causer une fasciite plantaire, c’est-à-dire une inflammation du fascia plantaire – une bande de tissu conjonctif qui va de l’os du talon aux orteils – qui soutient la voûte plantaire et absorbe les chocs lorsque l’on marche ou court. La douleur, qui est localisée au début, peut s’étendre jusqu’à l’avant-pied.
Se laver de bon pied
Premier conseil de Corinne Dubreuil, pharmacienne, pour éviter ces désagréments, auxquels s’ajoutent les ongles incarnés : « Examinez vos pieds régulièrement, même si vous n’avez pas (encore) mal. Inspectez plus particulièrement les talons qui ont tendance à se fendiller, la plante des pieds et les espaces entre les orteils qui peuvent se fissurer et s’infecter, mais aussi les ongles qui peuvent changer d’aspect ou de couleur. » Elle recommande aussi d’adopter de bonnes habitudes en termes d’hygiène :
- se laver les pieds une fois par jour, ou plus en cas de transpiration excessive, pour empêcher la macération qui favorise verrues plantaires et mycose (pied d’athlète). Préférer la douche au bain (10 minutes maximum) pour éviter de ramollir et fragiliser la peau ;
- utiliser un savon doux de type savon de Marseille ou un pain sans savon, rincer abondamment et sécher soigneusement, en particulier entre les orteils ;
- appliquer une crème hydratante, au besoin à l’urée, en massant doucement les talons secs et fendillés ;
- Couper les ongles après la toilette, avec des ciseaux à ongles désinfectés à l’alcool ou un coupe-ongles, droits (et non en demi-cercle) et laisser dépasser 2 à 3 mm. Nettoyez délicatement le dessous de chaque ongle (pas d’instrument pointu), puis les limer. Idéalement, couper les cuticules autour de chaque ongle avec un coupe-cuticules.
Vernis protecteur
Fragiles, cassants, décolorés, striés… Les ongles de pieds, au comme ceux des mains, sont soumis aux effets secondaires des traitements anticancéreux. Pour minimiser ces désagréments, mieux vaut laver les pieds avec une huile de douche douce, les sécher soigneusement et appliquer une crème nourrissante. Reste à couper les ongles court et à poser un vernis au silicium pour les protéger et les renforcer. La marque Même est spécialisée dans les produits de soins pendant et après le cancer.
Quand consulter ?
« Si vous avez des callosités ou des cors, vous pouvez poncer délicatement avec une pierre ponce pour éliminer progressivement la couche de peau en excès, indique Corinne Dubreuil. Ou, avec les conseils du pharmacien, utiliser une pommade kératolytique ou coricide à base d’acide salicylique qui dissout la kératine. »
En revanche, en cas d’oignon, d’ongle incarné, d’hallux valgus ou d’épine calcanéenne (excroissance osseuse au niveau de l’os du talon), consulter un pédicure-podologue (ne pas confondre avec une pédicure esthétique) est tout indiqué. À plus forte raison en cas de diabète.
Faut-il y croire ? L’urée contre les callosités et les durillons
Bien que cela puisse surprendre, l’urée, substance éliminée par l’urine qui, si son taux dans le sang est trop élevé révèle un dysfonctionnement rénal ou hépatique, participe à l’hydratation de la couche cornée de l’épiderme et est précisément utilisée en dermocosmétique (urée de synthèse) pour ramollir les zones très sèches comme les talons et éliminer les cellules mortes accumulées.
À lire
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NOS CHERS PIEDS, de France Guillain (Éditions du Rocher, 7,90 €).
