Quand le grattage n’est pas de la toilette

Quand le grattage n’est pas de la toilette
Par
Publié le
Les démangeaisons peuvent grandement perturber la qualité de vie d’un chat. Mais encore faut-il réaliser qu’il en souffre car il n’est pas toujours aisé de faire la différence avec la toilette.

Le prurit est défini comme « une sensation déplaisante qui provoque le désir de se gratter ». Chez le chat, les démangeaisons entraînent d’autres comportements : léchage compulsif, mordillements de la peau, frottements contre des objets, etc.

Auparavant, on pensait que les sensations de prurit et de douleur étaient conduites par les mêmes voies nerveuses, la dif­férence résidant dans l’intensité des décharges nerveuses. On sait aujourd’hui que le prurit dépend d’une voie nerveuse et de médiateurs spécifiques, mais les mécanismes physio­logiques sont moins bien connus que ceux de la douleur.

Repérer le prurit

Au départ, on peut confondre les démangeaisons avec un comportement normal de toilette. Dans le doute, examinez soigneusement la peau de votre chat ; vous repérerez peut-être des lésions, une perte de poils localisée ou généralisée. En le caressant, vous pouvez sentir de petites croûtes dont la forme fait penser à des grains de mil, d’où le nom de « dermatite miliaire ».

Pour estimer l’intensité du prurit, le vétérinaire peut vous proposer d’utiliser une grille spécifique qui détermine l’importance du léchage et du grattage. Ce type d’outil est aussi très utile pour évaluer l’efficacité du traitement mis en place.

Prévention multifactorielle du prurit

Dans le prurit d’origine allergique, le grattage apparaît souvent lorsque plusieurs facteurs d’irritation s’additionnent : présence de parasites (puces, surtout), réaction à des composants alimentaires, hypersensibilité à des polluants environnementaux, etc. Il est donc toujours utile d’essayer de diminuer la pression des allergènes potentiellement impliqués. Parmi les mesures propres à limiter les risques d’irritation, citons : la mise en place d’un régime hypoallergénique, un traitement préventif antipuces efficace, une ventilation régulière du lieu de vie et le maintien d’une bonne hygiène dans les endroits de couchage du chat.

Des parasites souvent responsables

Les puces représentent la cause principale du prurit chez le chat, mais beaucoup d’autres parasites peuvent provoquer de terribles démangeaisons.

Les otites parasitaires sont particulièrement prurigineuses et une « gale des oreilles », due à l’acarien Otodectes cynotis, est souvent mise en évidence lorsque le chat se gratte la face et la base des oreilles. En examinant un prélèvement réalisé dans le conduit auditif, le vétérinaire pourra confirmer la présence de ces parasites.

La démodécie maladie parasitaire qui touche essentiellement le chien, peut affecter le chat. Elle est due à l’acarien microscopique Demodex, qui vit naturellement dans les follicules pileux, parfois à la surface de la peau.

Des infections bactériennes, virales ou fongiques peuvent également être responsables de démangeaisons. Même si un chat atteint de dermatophytose (teigne) se gratte en général modérément, il existe des formes inflammatoires très prurigineuses. Des examens complémentaires sont dans tous les cas nécessaires pour mettre en évidence l’agent pathogène.

Une origine allergique

Quand les démangeaisons siègent au niveau de la face, du cou et de la nuque, une allergie est très souvent en cause.

Allergie aux puces ou aux moustiques

Une étude de l’école vétérinaire de Lyon a montré que la dermatite par allergie aux piqûres de puces représentait la première cause de prurit cervicofacial. Les piqûres de moustiques peuvent aussi provoquer les mêmes symptômes.

Allergie alimentaire

Une allergie d’origine alimentaire peut être suspectée. Comme il n’existe pas de test cutané allergologique validé chez le chat et que les analyses sérologiques sont sans intérêt dans cette espèce, il faut mettre en place un régime d’éviction pour vérifier cette hypothèse. Le chat ne doit plus consommer aucun des ingrédients présents de son alimentation habituelle, et s’assurer qu’il ne mange pas dans une gamelle ou qu’il n’est pas nourri par les voisins ! En cas d’allergie alimentaire, le prurit diminue dans les semaines qui suivent la mise en place du régime.

Syndrome atopique

Un syndrome atopique existe chez le chat comme chez le chien : cette forme particulière d’hypersensibilité cutanée est liée à un problème immunitaire, mais est indépendante des piqûres d’insectes et de l’alimentation. L’animal devra parfois recevoir un traitement antiallergique à vie pour éviter les récidives.

Soulager l’animal

Quand un chat se gratte intensément, ses griffes peuvent provoquer des lésions d’aspect souvent spectaculaire. Dépilations, peau rouge, ulcérations apparaissent, et si le prurit ne cesse pas rapidement, des lésions secondaires aggravent la situation. La peau se couvre de croûtes plus ou moins suintantes, la peau s’épaissit et fonce, des infections s’installent et empêchent la cicatrisation…

Calmer les démangeaisons

Lorsqu’il se gratte au point de s’abîmer la peau, il faut de soulager ses démangeaisons avec un traitement prescrit par le vétérinaire. Quand le prurit est déjà installé, les antihistaminiques ne fonctionnent en général pas, mais les anti-inflammatoires, eux, sont souvent efficaces.

Si l’animal ne répond pas au traitement initial, des médicaments immunomodulateurs peuvent donner de bons résultats, surtout en cas de prurit d’origine allergique. Ce traitement nécessite un suivi vétérinaire attentif car les effets secondaires (anorexie, diarrhée, abattement, etc.) sont fréquents. Les chats recevant des médicaments de ce type ne doivent pas avoir d’infection bactérienne ou virale, qui pourrait « flamber » du fait de la baisse des défenses immunitaires.

Soins locaux

Nettoyage et désinfection des plaies, pommade anti-inflammatoire, enrichissement de l’alimentation en oméga 3, etc., vont aider la peau à cicatriser complètement et plus rapidement.

La diffusion de phéromones apaisantes dans l’environnement peut en outre contribuer à calmer le prurit du chat.

Tactiques antigrattage

Lorsqu’un chat se gratte la face ou la nuque, une collerette fixée autour du cou ne l’empêchera pas de le faire. De plus, cette technique est éthiquement très discutable puisque le chat éprouve un besoin compulsif de réagir aux démangeaisons. L’empêcher de se gratter va le faire encore plus souffrir.

Pour permettre la cicatrisation, il faut cependant s’assurer que le chat arrête de se mutiler. Si le grattage ne diminue pas assez vite, il est parfois nécessaire de poser des pansements sur les lésions. Lorsque celles-ci sont très étendues, bander l’extrémité des membres postérieurs, avec des chaussettes par exemple, peut aussi s’avérer efficace.

L’utilisation de « couvre-griffes » est une alternative très intéressante pour gérer le prurit. Ces protections ne sont pas très gênantes pour le chat car il peut rétracter ses griffes et conserver des comportements normaux.

Prurit cervicofacial

Le prurit cervicofacial est fréquent chez le chat et peut avoir de nombreuses causes. Comme son nom l’indique, ce syndrome désigne un prurit localisé sur la face, les oreilles et le cou. Il entraîne souvent des plaies profondes. Chez le chat, le prurit cervicofacial est souvent d’origine allergique, mais pas toujours. Le diagnostic se fera par élimination progressive des différentes hypothèses.