Chats brachycéphales : attention fragiles

Chats brachycéphales : attention fragiles
Par
Publié le
Difficile de résister à leur jolie petite face plate et leurs grands yeux. Pourtant, aussi attendrissantes soient-elles, ces particularités sont à l’origine de problèmes qui entravent souvent le bien-être de ces chats.

L’adjectif « brachycéphale » signifie « tête courte ». Cette caractéristique concerne toutes les races de chien et de chat dont la face est très plate, avec un museau court et des yeux relativement saillants. Elle est sélectionnée dans de nombreuses races canines (bouledogue, boxer, carlin, etc.) mais existe aussi chez le chat. Le persan en est l’exemple le plus poussé mais d’autres races sont concernées à des degrés divers : british shorthair, exotic shorthair, himalayen, scottish fold, selkirk rex, etc.

Problèmes fréquents

L’anatomie particulière de ces chats les prédispose à diverses problématiques, dont certaines sont susceptibles d’être graves et de nuire considérablement à leur qualité de vie. Cela est particuliè­rement préoc­cupant chez les persans et l’exotic shorthair, dont presque 70 % ont des troubles oculaires, 60 % des difficultés respiratoires, 45 % des maladies dentaires et plus de 30 % des affections cutanées.

Problèmes respiratoires

Chez les chats brachycéphales, le nez très court s’accompagne d’un rétrécis­sement des narines, rendant la respiration par le nez difficile. De plus, la trachée est fréquemment aplatie et le voile du palais, qui sépare la cavité buccale du pharynx, est allongé et épaissi. Ces particularités limitent le passage de l’air et expliquent pourquoi ces chats ont très souvent une respiration à la fois bruyante et rapide, ronflent et sont intolérants à l’exercice.

Lorsque les symptômes sont sévères, on parle de « syndrome brachycéphale ». La respiration est perturbée même durant le sommeil, ce qui impacte la santé et le bien-être du chat.

Problèmes oculaires

Les persans et l’exotic shorthair sont les races brachycéphales les plus sujettes aux affections oculaires. En effet, leurs yeux saillants gênent la bonne fermeture des paupières et exposent davantage la cornée aux traumatismes et aux infections. Ils ont donc très souvent les yeux irrités.

La forme particulière du crâne implique aussi un rétrécissement des canaux lacrymaux ; les sécrétions ne s’écoulant pas normalement, ce mauvais drainage favorise l’apparition d’un glaucome, douloureux pour le chat, et peut lui faire perdre la vue. Comme les larmes coulent à l’extérieur, elles laissent aussi des traces disgracieuses au coin des yeux (larmiers) qu’il faut nettoyer chaque jour.

Problèmes cutanés

Les chats brachycéphales dont le type est le plus marqué (on parle de chats « hypertypés ») présentent fréquemment des plis de peau au niveau de la face qu’il est indispensable de bien nettoyer pour éviter le développement d’infections (intertrigo) ; l’humidité et la chaleur à l’intérieur des plis favorisent en effet la prolifération des bactéries et des champignons parasites.

Problèmes dentaires

La sélection sur une face aplatie a eu pour conséquence des modifications de la conformation des mâchoires et des dents. Ces chats sont donc prédisposés aux malocclusions dentaires ainsi qu’au chevau­chement de cer­taines dents, entraînant une accumulation de tartre, puis des gingivites et des parodontites.

Problèmes digestifs

Ces anomalies anatomiques concernent aussi l’œsophage et sont à l’origine de vomissements fréquents. Ces chats sont aussi plus enclins aux inflammations digestives chroniques.

Problèmes de reproduction

Plus d’un tiers des troubles obstétriques sont observés chez des persa­nes : l’étroitesse de leur bassin combinée à la largeur anormale de la tête du chaton dès la naissance rend la mise-bas difficile ; c’est d’ailleurs chez le persan que la mortalité des chatons à la naissance est la plus importante.

Les animaux hypertypés sont aussi sujets à des maladies congénitales telles que l’hydrocéphalie (accumulation de liquide dans le cerveau).

Une adoption à réfléchir

La morphologie des chats brachycéphales leur confère certes un air attendrissant qui peut séduire des acheteurs potentiels. Mais il est absolument indispensable de connaître tous les problèmes dont ces chats peuvent souffrir avant de « craquer ». Si vous désirez un chat de ce type, optez pour une race moins « extrême », comme le british shorthair, un chat à poil court, ou le selkirk rex, au pelage frisé.

Quelle que soit la race que vous choisirez, adoptez votre chat chez un éleveur qui prend garde à ne pas sélectionner des hypertypes. Faire naître des chatons dont la morphologie est compatible avec une bonne santé doit rester la priorité.

À savoir également, les chats brachycé­phales nécessitent plus de soins au quotidien que leurs congénères, et le coût des traitements vétérinaires peut s’avérer très élevé au cours de leur vie.

Correction chirurgicale

Pour améliorer la respiration du chat, plusieurs interventions chirurgicales peuvent être réalisées et, si l’état du chat le permet, elles sont parfois réalisées lors de la même opération. Le vétérinaire peut ainsi tenter d’élargir les narines (rhinoplastie), de raccourcir le voile du palais lorsqu’il est trop long (palatoplastie) et de modifier l’ouverture du larynx pour faciliter l’entrée de l’air dans la trachée. Ce traitement est coûteux et nécessite d’importants soins postopératoires. De même, des complications sont possibles mais c’est parfois le seul moyen de permettre au chat d’avoir une vie quasi-normale. Il est préférable de réaliser cette opération avant l’âge de 2 ans.