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La peau est l’organe humain le plus étendu (1,5 à 2 m2 !). Elle protège certes des rayonnements ultraviolets (UV), principal facteur de risque de cancers cutanés, mais jusqu’à un certain point, et doit donc être préservée des UV solaires ou artificiels.
La peau, en première ligne, souffre en effet d’une exposition immodérée et chronique aux UV, qui induisent a minima un vieillissement des parties du corps les plus exposées et les plus visibles, à savoir le visage, le cou et le dos des mains. Dès la quarantaine, sous l’effet des UVA surtout, la peau s’épaissit, devient jaunâtre, plus rugueuse, avec des bouquets de petits vaisseaux dilatés et de taches pigmentées, creusée de sillons et parfois saupoudrée de kératoses – ces épaississements localisés et blanchâtres de la couche cornée.
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Scruter la peau
Les cancers cutanés – carcinomes ou mélanomes – sont en lien direct avec l’exposition aux rayons UV. Dus à la prolifération de kératinocytes, les cellules de l’épiderme, les carcinomes sont de deux types : basocellulaire (8 fois sur 10) ou épidermoïde. Les premiers restent localisés et leur aspect varie : plaque rouge, blanche ou noire, surélévation ou érosion. Les seconds, s’ils essaiment rarement en métastases, se transforment de kératose en élevure érodée et croûteuse ou en petite plaie qui s’éternise. Leur site privilégié ? Les crânes dégarnis et dépourvus de couvre-chef des hommes de plus de 60 ans, tels que les agriculteurs, marins ou jardiniers dont la peau est saturée d’UV.
Plus préoccupants en raison de leur haut potentiel métastatique, les mélanomes (près de 15 000 nouveaux cas et plus de 1 700 décès par an). Et ce, en dépit des progrès de l’immunothérapie qui permet des rémissions spectaculaires. Ils peuvent siéger en n’importe quel endroit du corps, plutôt sur le tronc pour les hommes, sur les jambes pour les femmes. Contrairement à une idée reçue, six fois sur dix, ils surgissent de nulle part, sans grain de beauté « mutant » pour point de départ.
Coups de soleil
Les mélanomes sont consécutifs, au moins pour les deux tiers d’entre eux, à des coups de soleil pris tôt dans la vie, avant 15 ans. Particulièrement sur les peaux claires (de roux ou de blonds) parsemées de taches de rousseur et de grains de beauté : s’ils sont nombreux et/ou de grande taille, le risque est multiplié par quatre ou cinq. Un cas de mélanome dans la famille est une autre raison de se méfier de toute lésion nouvellement apparue et pas seulement d’un grain de beauté qui « tourne mal ». Cinq critères, ABCDE pour simplifier, sont à prendre en compte : A comme Asymétrie (les deux moitiés du grain de beauté sont différentes) ; B comme Bords irréguliers (festonnés) ; C comme Couleur inhomogène (brun, rouge, noir, bleu, etc.) ; D comme Diamètre (de plus de 6 mm) ; et surtout E comme Évolutivité (cette tâche pigmentée change d’aspect, de taille, de relief et de couleur rapidement). Des signes d’alerte à surveiller régulièrement, et de la tête aux pieds, pour se rassurer… ou douter, et l’œil d’un professionnel est alors indispensable, rapidement.
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Soleil traître
Le risque lié à l’exposition aux UV (A ou B, tout aussi délétères) est fonction de la position du soleil dans le ciel. Ainsi l’heure, la date, la latitude et l’altitude sont les principaux facteurs de variations de l’index UV*, cet outil qui matérialise l’intensité du rayonnement solaire. Par exemple, la quantité d’UV à 14 h est trois fois celle de 10 h (heure d’été française). Contrairement à ce que l’on croit, l’index UV est identique en mai ou en août. Ce que l’on découvre en situation, coup de soleil à l’appui, c’est que si les nuages bas et sombres absorbent la quasi-totalité des UV, les nuages d’altitude réduisent l’intensité lumineuse, mais pas celle des UV. L’index UV augmente aussi, de 10 % par 1 000 mètres d’altitude. Autre facteur d’« aggravation », la réflexion : l’écume dans le sillage d’un bateau double la quantité d’UV reçue, les voiles ou un pont verni l’élèvent encore davantage. Enfin, on est tout aussi exposé dans son jardin qu’en randonnée.
Prendre la vague bio
Les filtres synthétiques (benzophénone, cinnamate et benzylidène camphre) contenus dans certains photoprotecteurs sont des perturbateurs endocriniens et ne sont pas autorisés en bio. Seuls les filtres minéraux (dioxyde de titane et oxyde de zinc) peuvent l’être. Ils sont présents dans la nature sous forme respectivement de rutile et de zincite.
Les crèmes solaires n’échappent heureusement pas à la vague bio car on sait, cartographie des coraux à l’appui, que les filtres relargués dans les océans (4 à 6 000 tonnes par an) y dégradent l’environnement.
UVA traversants
Si les vitres d’une voiture ou d’une fenêtre arrêtent les UVB – les UV responsables des coups de soleil, utiles donc dans la mesure où ils donnent ainsi l’alerte d’un excès d’UV de toutes sortes –, elles laissent passer les UVA et la lumière visible. Or, les UVA stimulent la pigmentation de la peau, aggravant des taches brunes, et favorisent les cancers de la peau, y compris les mélanomes (à l’image des UVB).
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Exposition mesurée
Inutile, et même dangereux, de compter sur les cabines à UVA pour préparer sa peau au soleil : ces rayons s’ajouteraient alors à ceux que l’on subit sur la plage ou ailleurs. On table plutôt sur une exposition mesurée, avant midi ou après 16 heures. On recherche l’ombre, en se couvrant avec un tee-shirt (à tissage serré et de couleur foncée), un chapeau à larges bords et en portant des lunettes de soleil (normées CE). Il convient d’appliquer – sans oublier les oreilles, le dos des jambes, etc. – une quantité suffisante de crème hautement protectrice (d’indice 30 au moins), et ce, toutes les deux heures. La loi impose pour tous les produits une protection équilibrée (1/3) vis-à-vis des UVA et B. Les produits les plus efficaces sont dotés d’un rapport UVA/UVB le plus proche possible de 1.
* www.e-cancer.fr/soleilmodedemploi ; pour connaître l’index UV (une sorte de météo du soleil) et les conseils de protection du jour, www.soleil.info (association Sécurité Solaire).
Rendez-vous diagnostic digital
Organisée par le Syndicat national des dermatologues-vénéréologues, la 24e édition de la Semaine de prévention et de dépistage des cancers de la peau s’est tenue du 12 au 17 juin 2022, comme l’an passé, en 100 % digital.
www.sauver-sa-peau.fr