Troubles érectiles : osez consulter
Même quand ces problèmes ne sont pas alarmants, mieux vaut consulter pour en rechercher la cause. Des solutions existent, alors, pourquoi s’en priver ?
C’est un fait, les hommes vivent moins longtemps que les femmes – en France, 80 ans contre 85,7 ans. À cela, plusieurs raisons : des métiers plus pénibles ou dangereux, une certaine vulnérabilité hormonale vis-à-vis des maladies cardiovasculaires, des conduites globalement plus à risque (tabac, alcool, drogues, etc.), mais aussi le manque de réactivité en cas d’anomalie. Les hommes consultent moins et plus tard que les femmes. Et d’autant plus quand il s’agit de problèmes intimes.
Troubles érectiles
Tout ce qui touche aux dysfonctionnements sexuels masculins reste tabou. Expliquer à un professionnel de santé que l’on a un problème d’éjaculation précoce, par exemple, est difficile pour une majorité d’hommes. La téléconsultation avec un médecin sexologue peut être un moyen de contourner cet écueil et de trouver une solution à un trouble de l’érection, quel que soit son degré. Même si des « pannes » de temps en temps sont normales, elles peuvent devenir paralysantes et nécessiter un traitement pour redonner confiance. À plus forte raison en cas d’incapacité à avoir ou à maintenir une érection depuis au moins trois mois, entraînant gêne ou souffrance, qui signe un vrai dysfonctionnement érectile.
Quel que soit le mode de consultation, le médecin commence par un questionnaire. Sur l’âge d’abord, parce que les troubles érectiles sont plus fréquents après 60 ans. Mais plus que l’âge officiel, c’est l’âge physiologique qui compte. Sur le mode de vie (alimentation, alcool, stress, etc.) ensuite, et sur d’éventuels problèmes de santé physiques ou psychologiques (hypertension, diabète, maladie cardiovasculaire, prise de certains médicaments, dépression, etc.) qui peuvent expliquer les difficultés.
Problèmes de testicules
La torsion testiculaire. Due à une anomalie de fixation d’un testicule à l’intérieur des bourses, elle se produit surtout chez le nouveau-né, l’adolescent et le jeune adulte. Le cordon spermatique, qui contient notamment les vaisseaux sanguins irriguant le testicule, s’entortille et interrompt le flux sanguin. C’est une urgence chirurgicale sous peine de nécrose du testicule.
Le cancer des testicules. Si son augmentation de fréquence depuis 20-30 ans n’a pas d’explication claire, ce cancer se guérit très bien. Encore faut-il consulter tôt dans un centre expert d’urologie oncologique en cas de nodule indolore. Il ne faut pas hésiter à s’autopalper régulièrement, comme le font les femmes pour détecter une anomalie aux seins.
Pilule bleue et autres IPDE5
La prise en charge, globale, consiste souvent à agir sur les facteurs favorisants (dans 1/3 des cas, un changement dans le mode de vie résout le problème) et, si nécessaire, à prescrire un médicament de la famille des inhibiteurs de la phosphodiestérase 5 (IPDE5) : sildénafil, tadalafil, vardénafil ou avanafil, adapté au type de dysfonctionnement, aux attentes et au mode de vie. Certains agissent plus vite, d’autres plus longtemps. En cas de contre-indication, d’autres solutions existent : crème, injection dans le pénis, pompe à érection.
Une « ménopause masculine » ?
Si l’andropause est, comme la ménopause, un phénomène biologique lié au vieillissement et à une baisse de la sécrétion hormonale (androgènes, dont la testostérone chez l’homme et les œstrogènes chez la femme), utiliser le terme de « ménopause masculine » n’est pas juste. En effet, si les fonctions hormonales diminuent peu à peu, elles ne cessent pas complètement et n’entraînent pas un arrêt de la fertilité, comme c’est le cas chez la femme au moment de la ménopause. Et tous les hommes ne sont pas touchés (5 à 20 %, selon les études). Il est en fait plus approprié de parler de « déficit androgénique masculin lié à l’âge ». Cette baisse progressive de la sécrétion des androgènes survient le plus souvent aux environs de la soixantaine et peut occasionner des symptômes, parfois légers, parfois handicapants, mais non systématiques, dont les plus fréquents sont une baisse de la libido, des érections moins rigides et moins nombreuses, des troubles du sommeil, un changement de comportement. Le corps aussi se transforme : élargissement du tour de taille, diminution de la force musculaire et de la pilosité, parfois gynécomastie (augmentation anormale de la poitrine). Même si l’andropause n’est pas une maladie, les symptômes qui l’accompagnent incitent à consulter car une hypothyroïdie, par exemple, peut être en cause. Des dosages hormonaux et biologiques ainsi qu’un bilan prostatique s’imposent avant de prescrire un traitement substitutif de la testostérone si le déficit androgénique est précoce. Des produits à base de plantes (avoine, ginseng) ou de vitamines, minéraux, oligoéléments peuvent être utiles, ainsi que les IPDE5.
Conseil de mon pharmacien : Haute sécurité
Attention aux offres en ligne de pilules bleues sans ordonnance à des prix compétitifs car ce sont à plus de 95 % des contrefaçons. Au mieux, elles sont inefficaces, au pire elles contiennent des substances dangereuses. L’utilisation de Viagra ou d’un médicament de la même famille entraîne parfois des effets indésirables (maux de tête, bouffées de chaleur, troubles digestifs, douleurs musculaires). Pas de panique, ils disparaissent avec le temps. Mais s’ils persistent ou deviennent gênants, il est important d’en parler à un professionnel de santé.
La prostate, une glande à surveiller
En cas de troubles urinaires, n’attendez pas pour consulter. De même, faites doser régulièrement votre taux de PSA pour dépister précocement un cancer de la prostate.
Jochen WALZ, Urologue, chef du service d’urologie à l’Institut Paoli-Calmettes, à Marseille
Tous les hommes sont, à un moment ou un autre, concernés par des problèmes de prostate. Mais avec l’âge, les symptômes urinaires que cette glande provoque en grossissant peuvent être pénibles et être le signe d’une hypertrophie bénigne – également appelée « adénome prostatique » –, d’une infection (prostatite) ou, très rarement, d’un cancer. Autant de raisons d’en parler à son médecin pour poser le bon diagnostic.
Une hypertrophie gênante
La prostate, organe de la taille d’une châtaigne, entoure le conduit de sortie de la vessie (l’urètre) par lequel s’évacue l’urine. C’est cette localisation qui explique qu’en augmentant peu à peu de volume, elle exerce une pression sur l’urètre et le comprime. Résultat, des besoins fréquents et impérieux de jour comme de nuit, un jet d’urine faible, la sensation de ne pas avoir vidé totalement sa vessie, des gouttes retardataires, voire des fuites urinaires… Avec les années, les symptômes deviennent gênants. Pour vérifier le volume et le relief (lisse et régulier) de la glande, le médecin, généraliste ou urologue, procède à un toucher rectal (indolore).
Solutions au cas par cas
D’autres examens sont néanmoins nécessaires pour orienter ou affiner le diagnostic. Notamment un test urinaire à la recherche d’une infection, une échographie et un dosage sanguin de l’antigène prostatique spécifique (PSA), une protéine produite naturellement par la glande, qui peut faire suspecter un cancer associé à l’adénome, même si les deux ne sont pas liés.
En cas d’hypertrophie bénigne, selon les cas, le médecin peut proposer un traitement pour diminuer les troubles urinaires (phytothérapie, alpha-bloquant, inhibiteur de la 5-alpharéductase) ou une intervention chirurgicale. De plus en plus souvent, celle-ci se fait via l’urètre pour réduire le volume de la glande. « Des techniques récentes, pratiquées dans des services habilités, donnent de bons résultats : dispositif implantable (Urolift), embolisation de l’artère prostatique, injections de vapeur d’eau », détaille le Dr Jochen Walz, urologue, chef du service d’urologie à l’Institut Paoli-Calmettes, à Marseille, l’un des 18 centres régionaux de lutte contre le cancer.
Faut-il y croire ? La prostate participe à l’élaboration du sperme
Très exactement, le liquide prostatique est riche en enzymes, en protéines et en minéraux qui aident à protéger et à nourrir les spermatozoïdes. Dans la phase d’excitation sexuelle, la prostate pousse le liquide prostatique dans des petits canaux jusque dans l’urètre où il se mélange aux spermatozoïdes et à d’autres liquides avant d’être évacué sous forme de sperme.
Premier cancer masculin
Avec 60 000 nouveaux cas par an, le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l’homme. « Ce chiffre, en hausse, s’explique par l’allongement de la durée de vie et les diagnostics de plus en plus précoces », explique l’urologue. Mais bonne nouvelle, ce cancer bénéficie désormais de nombreuses innovations, et la mortalité tend à baisser. « Un taux de PSA élevé ne suffit pas à diagnostiquer un cancer, c’est une probabilité, jamais une certitude ; il existe des faux positifs, précise le médecin. Par ailleurs, certains cancers peu agressifs sont à évolution très lente. Une IRM, couplée à une biopsie, permet de poser le diagnostic et d’identifier les patients pour lesquels une surveillance active (avec IRM) est suffisante pour éviter des traitements inutiles. Grâce à l’IRM, on pratique aussi moins de biopsies de surveillance (tous les deux-trois ans), réalisées de plus en plus souvent par voie transpérinéale (au lieu de transrectale) pour écarter tout risque infectieux. »
Des traitements innovants
Les thérapeutiques s’améliorent également. À côté de la chirurgie, de la chimiothérapie et de l’hormonothérapie, les nouvelles techniques de radiothérapie permettent de réduire à la fois les effets secondaires urinaires et digestifs, et d’écourter la durée du traitement. Plus récemment – depuis 2023 à l’Institut Paoli-Calmettes –, les patients souffrant d’un cancer de la prostate à un stade métastatique, et pour lesquels les traitements classiques ont échoué, ont accès à une innovation en médecine nucléaire. « Il s’agit d’une radiothérapie par Lutétium-177 PSMA, qui permet de détruire les cellules tumorales en épargnant les cellules saines environnantes, explique le Dr Walz. Ce traitement très novateur faisant baisser nettement la mortalité moyennant peu d’effets secondaires, il sera très probablement bientôt proposé dans des cancers à des stades moins avancés. »
Témoignage
« Mon taux de PSA augmentait peu à peu mais, en 2022, il était grimpé à 6-7 ng/ml. Ce n’était pas très élevé à mon âge mais, prudent, mon médecin traitant m’a adressé à un urologue. Malgré un toucher rectal normal, celui-ci a demandé une échographie, puis une IRM et une biopsie. C’était un adénocarcinome. Heureusement, les cellules cancéreuses n’avaient pas migré. Une radiothérapie d’un mois et une hormonothérapie brève ont suffi à faire descendre le PSA à 0,14 ng/ml. Je dois simplement faire un contrôle tous les six mois. Depuis, je ne cesse de dire aux hommes de mon entourage de se faire surveiller chaque année après 50 ans car c’est grâce à un dépistage précoce que je suis guéri. Il ne faut pas faire l’autruche, les risques sont trop importants. »
René, 81 ans
Pour en savoir plus
Un livre : La santé des hommes après 40 ans, de Laure Dasinieres (Éditions 41, 22 €). Troubles de l’érection, poids, prostate, sommeil, fertilité… Tout ce qu’il faut savoir.
Un site : charles.co, pour téléconsulter des médecins sexologues.