Les médicaments sont-ils utiles pour arrêter de fumer ?

Les médicaments sont-ils utiles pour arrêter de fumer ?
Partager, imprimer cet article :
Publié le
Le tabagisme est une addiction, le tabac est une drogue. Quel que soit l’âge, quelles qu’en soient les raisons, arrêter de fumer est toujours bénéfique pour la santé.
  Lorsque l’on décide d’arrêter de fumer, la détermination ne doit pas être émoussée par la crainte d’un échec puisqu’une nouvelle tentative de sevrage peut réussir après un ou plusieurs échecs. Arrêter de fumer à 40 ans améliore l’espérance de vie de sept ans, à 50 ans de quatre ans. Depuis une quinzaine d’années, la volonté d’arrêter de fumer peut se conjuguer avec des outils thérapeutiques qui facilitent le sevrage. Un cancer sur trois est dû au tabagisme, au premier rang, le cancer du poumon, dont 90 % des cas sont lies au tabagisme actif et 5 % au tabagisme passif, mais d’autres cancers sont également impactes par le tabac : gorge, bouche, pancréas, reins, vessie. Le cancer de l’œsophage est plus fréquent en cas d’association du tabac et de l’alcool. D’autres maladies viennent assombrir l’avenir des fumeurs. Fumer est un des principaux facteurs de risque d’infarctus du myocarde. Les accidents vasculaires cérébraux, l’artérite des membres inférieurs, les anévrismes, l’hypertension artérielle sont également lies, en partie, a la fumée de tabac. La bronchite chronique qui évolue rapidement vers l’insuffisance respiratoire est essentiellement due au tabagisme. Au total, le tabagisme expose à un risque de mort liée au tabac de 50 %.
 À lire aussi : Arrêter de fumer, c'est maintenant
On dispose de trois méthodes pour arrêter de fumer : les traitements substitutifs nicotiniques, les traitements qui agissent sur le système nerveux central, bupropion LP (ZYBAN) et varenicline (CHAMPIX) ; les thérapies comportementales et cognitives. D’autres méthodes comme l’utilisation de la cigarette électronique, l’hypnose ou encore l’acupuncture peuvent être utilisées, mais leur efficacité n’est pas encore validée scientifiquement. Les produits de remplacement contenant de la nicotine représentent l’essentiel des médicaments de sevrage. Ils permettent à l’organisme de se passer du tabac en apportant au cerveau la substance, cause de l’addiction : la nicotine. En revanche, ils épargnent à l’organisme une exposition à des substances toxiques comme les goudrons issus de la combustion de la cigarette ou le monoxyde de carbone présent dans la fumée. La substitution de la nicotine de la cigarette par la nicotine « médicament » permet d’éviter le « craving », ce besoin irrépressible de fumer, la dépression, les troubles du sommeil, l’irritabilité et l’augmentation de l’appétit. On peut utiliser des pates à mâcher (chewing-gum), des systèmes transdermiques (patch), des sprays qui sont en vente sans ordonnance. Il n’est pas dangereux d’utiliser simultanément un produit d’action courte par voie orale et d’action longue par voie transdermique. Les substituts nicotiniques multiplient par trois les chances d’arrêt a un an et leurs diverses formes permettent à l’organisme de recevoir une dose de nicotine à laquelle il était habitue avec la cigarette, en modulant le besoin, selon l’humeur, les circonstances, l’environnement. Leur durée d’utilisation est habituellement courte (six semaines) mais il n’est pas exclu de les consommer pendant plusieurs mois. Il est important que le traitement soit bien dose ; ce qu’un professionnel de santé (médecin, pharmacien, tabacologue…) peut aider à obtenir. Champix et Zyban sont réputés aider le fumeur pour l’arrêt du tabac en évitant le ressenti du manque. En réalité, ils sont mal tolérés (troubles du comportement) et relativement peu efficaces. Ils ne sont pas recommandes chez la femme enceinte ou qui allaite, ni chez le fumeur de moins de 18 ans. 1,8 million de patients tabagiques utilisent, chaque année, un traitement médicamenteux en vue d’arrêter le tabac. Ce chiffre est encore bien faible au regard des 17 millions de fumeurs réguliers dont la moitié mourra en raison de l’usage du tabac(1).  

Extrait de...

les-medicaments-en-100-questions-crgLES MÉDICAMENTS EN 100 QUESTIONS, de François Chast, Président honoraire de l’Académie Nationale de Pharmacie.
Éditions Taillandier, 2016, 14,90€.

Un livre qui fait du bien

Se soigner par l’homéopathie, est-ce efficace ?
Qu’est-ce que l’effet placebo ?
Les génériques sont-ils fiables ?
Qui fixe le prix des médicaments ?

Devenez acteur de votre parcours de soin en lisant au plus vite LES MÉDICAMENTS EN 100 QUESTIONS de François Chast.

BIEN-ÊTRE & santé vous en dit plus ici

 
                        (1) Dans son Rapport public annuel 2016 (février 2016) la Cour des comptes rappelle que si la proportion de fumeurs quotidiens est passée de 30 % en 2000 a 28,2 % en 2014, la consommation demeure forte, et que « cette trajectoire s’écarte de celle de pays comparables ». Moins de 20 % des adultes fument tous les jours dans 15 des 34 pays membres de l’OCDE. « La ou un Français sur trois fume, c’est le cas d’un Anglais sur cinq », insiste la Cour qui rappelle au passage que le seul cout sanitaire du tabac s’élèverait à 25,9 milliards d’euros par an. La hausse des prix a fait ses preuves en 2004 en France, argumente la Cour. Le paquet a 10 euros, c’est possible et cette mesure serait sans doute beaucoup plus efficace et moins aléatoire que les campagnes auxquelles les pouvoirs publics consacrent beaucoup d’énergie et des budgets conséquents. Enregistrer