« Oui à l'ouïe, Oui à la vie ! »

« Oui à l'ouïe, Oui à la vie ! »
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C’était le slogan de la Journée nationale de l’audition, en direction des ados qui écoutent la musique à fond, mais aussi des adultes jeunes et des seniors, souvent dans le déni.

Objectif principal de cette campagne nationale d’information et de prévention des troubles auditifs : « mieux prévenir pour mieux entendre demain ». En effet, le nombre croissant de Français durs d’oreille n’est pas seulement dû à l’allongement de la vie, mais aussi aux activités professionnelles en milieu bruyant et aux pratiques d’écoute musicale amplifiée des jeunes. Or, ces troubles de l’audition pourraient être évités moyennant des précautions.
On estime aujourd’hui qu’en France 7 millions de personnes souffrent d’un déficit auditif et que 2 millions ont moins de 55 ans. Quelques autres chiffres parlants du ministère de la Santé : 200 enfants naissent sourds chaque année, soit 1 sur 1 000 ; 30 000 à 50 000 jeunes et adolescents présentent des altérations graves ou sévères du système auditif ; 2,5 millions de personnes de tout âge souffrent d’acouphènes ; 7 millions vivent dans des zones de bruit excessif, comme les abords d’autoroute ou d’aéroport ; 2 millions sont exposées dans leur profession à des niveaux de bruit dangereux pour l’audition. Les experts prévoient pour les années à venir 3 000 à 4 000 surdités professionnelles par an. Ce n’est donc pas une maladie du troisième âge. On oublie trop souvent que les oreilles sont fragiles et qu’un déficit auditif apparaît rarement de manière brutale, mais progressive.

Surdité : Identifier les principales causes

L’oreille est un organe très complexe, en trois parties, qui assure deux fonctions distinctes : l’audition et l’équilibre. • L’oreille externe Elle comprend le pavillon et le conduit auditif. • L’oreille moyenne C’est une cavité d’air appelée caisse de tympan. • L’oreille interne Elle est composée de la cochlée, (ou limaçon à cause de sa forme) qui en constitue la partie auditive, et du vestibule dédié à l’équilibre.

Deux types de surdité

Quand on parle de surdité, celle-ci n’est pas nécessairement totale, elle peut être légère, moyenne ou profonde. • Surdité de transmission Elle est provoquée par une lésion de l’oreille moyenne ou de l’oreille externe dont les causes sont variées : malformation congénitale, maladie infectieuse, perforation du tympan… • Surdité de perception Elle touche l’oreille interne et le nerf auditif, et est surtout due aux bruits excessifs et à l’âge.

À fond le son !

• Les jeunes et le bruit

Info

Un sondage Ipsos-Audika réalisé auprès d’un millier de parents d’enfants de 0 à 11 ans, il indique que plus d’un quart d’entre eux ne leur ont pas fait passer d’examen auditif. Pourtant, les jeunes enfants, aux oreilles fragiles, utilisent souvent un casque pour écouter de la musique.
Chez eux, les pratiques quotidiennes d’écoute amplifiée sont la principale cause de troubles de l’audition : MP3 en permanence sur les oreilles, jeux vidéo, discothèques, concerts, etc. Quelques conseils à leur donner : ne pas dépasser 20 heures d’exposition à moins de 100 décibels ou 4 heures à 100 dB (MP3 à volume maximum) ou 2 heures en discothèque. Le mieux : s’éloigner des enceintes acoustiques, porter des bouchons protecteurs en mousse au moins une partie de la soirée et après, mettre les oreilles au repos pendant 24 heures. En cas de sifflements ou de bourdonnements persistant au-delà de 12 heures, consulter d’urgence un ORL. • Travailler dans le bruit Malgré la législation, l’environnement reste très bruyant dans les edmeds24.com du bâtiment, de l’industrie et de l’agriculture. Mais les troubles de l’audition apparaissant peu à peu, on ne s’en préoccupe pas assez tôt.

Au fil du temps

Comme n’importe quel organe, l’ensemble du système auditif vieillit, mais ce sont surtout la dégénérescence puis la disparition progressive, à partir de la cinquantaine, des cellules ciliées dans l’oreille interne qui finissent par provoquer des troubles importants. Cette baisse de l’audition due à l’âge est appelée presbyacousie, comme on parle de presbytie quand les yeux voient moins de près. Au début, seuls les sons aigus sont moins bien perçus. Avec les années, les difficultés de compréhension s’aggravent quand les conditions d’écoute sont difficiles : mots prononcés trop bas, trop vite ou mal articulés, interpellations d’une pièce à l’autre, conversation en groupe… À ce stade, la personne n’entend bien que dans le calme et s’adapte en se rapprochant, en concentrant son regard sur les lèvres des autres ou en évitant les sources de bruits, mais l’entourage n’est pas dupe.

À savoir

-Une maladie infectieuse peut-elle entraîner une baisse de l’audition ou une surdité ?
Oui, certaines maladies infectieuses contractées par la mère en cours de grossesse, en particulier la toxoplasmose, les infections à cytomégalovirus (CMV), l’herpès, la rubéole peuvent provoquer une surdité de l’enfant. Des maladies infectieuses comme les otites et la méningite peuvent aussi laisser de telles séquelles.

-Y a-t-il d’autres affections responsables d’une perte de l’audition ?
Il existe des surdités d’origine génétique. Les plus connues sont l’otospongiose qui se manifeste tout d’abord par une surdité de transmission et la maladie de Uscher, plus rare, dont les différents types associent, à des degrés divers, une atteinte de la vision et une perte de l’audition. Par ailleurs, le neurinome de l’acoustique, tumeur bénigne, peut entraîner une surdité en évoluant, ou parfois après son exérèse.

- Que faire en cas de surdité survenant brutalement ?
Que la surdité survienne à la suite d’un traumatisme sonore aigu, d’un concert exagérément amplifié ou sans cause apparente, à partir du moment où l’on n’entend plus ou très mal comme dans du coton, il faut consulter en urgence un médecin ORL. Elle est parfois irréversible, mais peut régresser spontanément ou être traitée par caisson hyperbare ou par corticoïdes à hautes doses… à condition que le traitement soit précoce.
 

Appareiller, la meilleure solution

Même si un appareillage est difficile à accepter, n’attendez pas pour consulter. Les incompréhensions et les malentendus sont trop lourds de conséquences au travail, en société et en famille.

Examens indispensables

La surdité ne s’améliore jamais et, de plus, fait perdre l’habitude d’entendre, ce qui contrarie l’adap­­tation cérébrale des fonctions auditives quand on se décide enfin à porter une prothèse. Plus tôt l’oreille est appareillée, meilleurs sont les résultats. Après vérification de l’état des conduits auditifs, à la recherche d’un éventuel bouchon de cérumen ou d’une perforation du tympan par exemple, le médecin ORL procède à des examens d’audiométrie et, au besoin, enregistre l’activité électrique au niveau du nerf auditif pour déterminer l’origine de la surdité, c’est l’étude des potentiels évoqués auditifs. Scanner ou IRM peuvent parfois être nécessaires.

Cher appareillage

ouie-appareillagePour la presbyacousie, il n’y a pas d’autre solution que l’appareillage, mais celui-ci est très mal remboursé par la Sécurité sociale : à 60 % sur la base d’un tarif fixé à moins de 200 euros par oreille ! Les mutuelles participent, mais tout dépend du contrat, mieux vaut se renseigner et demander un devis pour éviter les mauvaises surprises. Il existe plusieurs sortes de prothèses auditives, plus ou moins perfectionnées, mais deux types sont le plus couramment utilisés. • Les contours d’oreilles Ils sont placés derrière le pavillon et reliés à un embout logé dans le creux de l’oreille, et bien moins visibles qu’autrefois. • Les intra-auriculaires Dissimulés dans le conduit auditif, de plus en plus minia­turisés, ils sont mieux adaptés aux jeunes seniors, car ils nécessitent davantage de dextérité manuelle. C’est l’audioprothésiste qui assure l’adaptation et le suivi ; plusieurs séances sont nécessaires.

Quid des assistants d’écoute

Info

MÉDICAMENTS OTOTOXIQUES. Certains antibiotiques, aujourd’hui moins utilisés, diurétiques, antipaludéens et anticancéreux sont toxiques pour l’oreille.
Face au prix élevé des prothèses classiques, de simples assistants d’écoute, ne nécessitant ni réglages par un audioprothésiste, ni empreinte d’oreilles, ni prescription médicale sont maintenant disponibles dans certaines pharmacies. Ils ne conviennent pas en cas de déficit important de l’audition, mais peuvent rendre service quand on commence à devenir un peu dur d’oreille.

Atténuer les acouphènes

Sifflements, bourdonnements, bruits du vent… les acouphènes sont désagréables, parfois difficiles à supporter. Au point de provoquer des troubles du sommeil, à la longue une dépression, et de perturber gravement la vie familiale, professionnelle et sociale. Ils apparaissent sans cause apparente ou bien après l’explosion d’un pétard, une sortie en discothèque, ou sont liés au vieillissement du système auditif. Il n’existe pas de remède vraiment efficace, mais le port d’une prothèse, en cas de perte auditive associée, suffit souvent à réduire l’impact de l’acouphène. Autre solution : un générateur de bruit blanc, produisant un bruit de même intensité sur toutes les fréquences audibles, permet de le masquer.

Espoirs thérapeutiques

- Des oreilles humaines artificielles en cartilage d’aspect naturel et fonctionnant normalement ont été mises au point aux États-Unis. Les chercheurs ont commencé par dessiner une oreille en trois dimensions (3D), l’ont convertie en un moule en gel où du cartilage s’est développé à partir de cellules vivantes, puis ont sorti l’oreille du moule pour l’implanter.

- Pour les enfants nés avec une déformation ou les personnes ayant perdu une partie ou la totalité d’une oreille dans un accident ou à la suite d’un cancer, ces nouvelles oreilles pourraient être la solution que la chirurgie de reconstruction attend.

- Les greffes de cellules-souches, la thérapie génique pour régénérer les cellules sensorielles auditives détruites et les pompes implantables délivrant des médicaments directement dans l’oreille interne pour traiter presbyacousie et acouphènes, sont les domaines sur lesquels la recherche travaille aujourd’hui.