Fut un temps où les séries télé avaient le don de nous tenir en haleine. Les épisodes, diffusés à un rythme quotidien ou hebdomadaire, obligeaient les fans à être patients. Seulement voilà. L’ère des plateformes de streaming passant par là, les modes de consommation ont changé et la boulimie cathodique s’est installée dans les foyers. Pour preuve, en 2019, une étude de la société américaine Limelight Networks révélait que 9 Français sur 10 étaient sérivores, soit 11 % de plus qu’en 2018, et que 86 % d’entre eux s’adonnaient au binge watching (regarder une série télé d’une seule traite). Rangé dans la catégorie « phénomène de société », ce visionnage en rafale n’a pas manqué d’être décortiqué par les spécialistes.
Effets de dépendance
Qu’est-ce qui fait que l’on ne résiste pas à la tentation de cliquer sur « épisode suivant » ? Certes, les scénaristes savent manier avec brio l’art du suspense insoutenable, mais cela ne fait pas tout. Plonger dans une série permet de s’immerger dans un univers fictif, différent et souvent plus agréable que la réalité. Le cerveau, ravi de cette déconnexion, libère alors de la dopamine (« hormone du bonheur »), le neurotransmetteur le plus impliqué dans les processus de l’addiction. Résultat, stopper une séance de binge watching déclenche un mécanisme de pensée
similaire au manque de drogue. Les symptômes physiques en moins.
Degré d’addiction
Selon les experts, la nocivité de cette pratique ne dépend ni du nombre d’épisodes visionnés ni du nombre d’heures que l’on y consacre. À l’instar d’autres comportements addictifs, la dépendance se mesure à l’impact négatif de la consommation sur le quotidien. Les intrigues ont-elles une répercussion sur l’humeur ? L’immersion a-t-elle entraîné une sédentarité et une prise de poids ? Coupe-t-elle du cercle social ? Porte-t-elle préjudice aux compétences professionnelles ? Le temps dédié à cette activité augmente-t-il ?
Consommation sous contrôle
Pour garder le contrôle, il faut être vigilant sur la manière dont vous enchaînez les épisodes. Même si cela peut sembler difficile, laissez quelques jours s’écouler entre chaque visionnage afin de rester connecté à la réalité. Autre astuce pour échapper à l’addiction : interrompez une enfilade d’épisodes avant le générique de fin du dernier regardé.
Info ou intox ?
Selon des recherches américaines réalisées en 2015, le binge watching permettrait d’améliorer son niveau de concentration et d’affiner ses capacités oculaires. Petit bémol, toutefois : les travaux ont été commandités par Reed Hastings, qui n’est autre que le cofondateur de Netflix.